Foire de la production nationale Produits de terroir en quête d’une semi-industrialisation

Foire de la production nationale Produits de terroir en quête d’une semi-industrialisation

Les visiteurs semblent affectionner les produits du terroir exposés à la foire de la production nationale. Laissant les équipements industriels pour les professionnels, les consommateurs se dirigeent vers les stands de l’agroalimentaire où fromages, confiseries, produits des dattes et miel sont proposés à la vente.

Au stand de miel, les producteurs affichent le « 100% naturel » à 2.000 DA le bocal de 500 g. « A l’occasion de la foire, nous avons réduit nos prix. Un bocal de 500 g de miel est vendu en temps normal à 2.600 DA », souligne la chargée de commercialisation de l’entreprise Hamzaoui, basée à Blida. Toutefois, elle reconnaît que les prix sont trop élevés, indiquant que cela est dû à la baisse de la production. « Même si le nombre de producteurs de miel est en hausse, la production, elle, est en baisse à cause du changement climatique. La pluie ne tombe pas au moment voulu, les bourgeons ne fleurissent pas à temps et les abeilles s’en trouvent perturbées, car la baisse de température les fait fuir », explique-t-elle. Les producteurs d’agrumes sont également mis en cause. « Ils utilisent à l’excès les pesticides alors qu’il y a des périodes précises pour cette opération. Nous avons perdu 50 ruches à cause de ces insecticides », explique-t-elle. Malgré ce déclin, la production du miel répond suffisamment aux besoins, selon notre interlocutrice, pour qui l’exportation peut être envisagée.

Sauf que pour ce faire, le produit doit être certifié et aux normes. « Le problème est que nous n’avons pas de laboratoire d’analyses de miel. D’un côté, il aurait permis d’exporter le produit, et, de l’autre, de mettre un frein à la concurrence déloyale du miel étranger qui ne répond pas aux normes », confie-t-elle. Le producteur des dérivés de dattes, Salama Entreprise, basée à Biskra, espère aussi aller vers l’exportation, mais pas avant d’avoir fait connaître ses produits sur le marché local. A savoir l’extrait de datte, le café à base de noyaux de datte et le vinaigre de datte. « Rien ne se jette dans la datte. Pour le moment, on ne produit pas les dérivés en grandes quantités. Nous sommes en train de lancer une campagne de sensibilisation afin d’exploiter les dattes aptes à la transformation », a indiqué Sid-Ahmed Rabah, représentant de cette entreprise au niveau d’Alger.

Salama Entreprise, qui a investi dans l’emballage et les coffrets des produits dérivés des dattes pour la promotion de ce fruit, ambitionne de gagner tout d’abord le marché local et voir ses produits concurrencer tout ce qui vient de l’étranger. « Les Belges sont très intéressés par nos produits et nous ont proposé de leur vendre toute notre production. Nous avons rejeté leur offre. Nous ne voulons pas brûler les étapes, le marché local d’abord, le marché extérieur ensuite. Nous comptons ouvrir une unité de fabrication à Alger pour écouler plus facilement notre marchandise », dit-il, en signalant, toutefois, le manque de moyens financiers, matériels et humains. « Les facilités proposées par les pouvoirs publics en faveur de la production nationale n’ont été introduites que cette année. Malgré les efforts fournis, nos produits ne sont connus que lors des foires. L’idéal pour nous, c’est d’aller vers une semi-industrialisation pour augmenter notre production sans pour autant lui faire perdre leur cachet artisanal », révèle-t-il.

Les dérivés des dattes sont méconnus

C’est aussi le souhait de la gérante de l’entreprise Confiserie Doballah, qui hésite à se lancer dans l’industrie de peur de voir ses produits, la confiture et pâtes de fruits joliment conservées dans des bocaux, perdre le côté « artisanal ». « Je cible une clientèle qui affectionne tout ce qui est naturel. Les fruits que j’utilise proviennent des régions du pays les plus réputées en matière de qualité. Par manque de moyens et de main-d’œuvre, je travaille pratiquement toute seule. Il m’est impossible d’augmenter la production et encore moins d’écouler nos produits au niveau des grandes surfaces », fait-elle savoir.

Pour le moment, elle commercialise ses produits dans sa boutique à Oran mais elle se dit en quête d’un associé qui lui fournirait une main-d’œuvre, des équipements et un réseau de distribution sans pour autant aller vers une industrie à proprement parler. Le céramiste Kamel Boubkeur, qui utilise des techniques modernes pour la réalisation de ses poteries, est aussi en quête d’une semi-industrialisation. « Mes poteries sont un mélange de design moderne et traditionnel. Pour le moment, j’arrive à les commercialiser à l’étranger grâce à l’Agence nationale de l’artisanat qui me permet de participer aux foires internationales. Mais je veux plus », dit-il. Ce qu’il veut, en fait, c’est acquérir un équipement de fabrication moderne afin d’augmenter sa capacité de production, tout en créant de nouveaux postes d’emploi.