Foire du livre : Net recul du livre religieux

Foire du livre : Net recul du livre religieux

Le choix des organisateurs se porte sur la qualité des auteurs et produits reconnus, afin de hisser le niveau de la lecture au-delà des questions idéologiques au nom de la religion.

Enregistrant un net recul par rapport au précédent Salon du livre 2013, la 19e édition internationale qui a ouvert ses portes du 30 octobre au 8 novembre 2014 aux Pins maritimes, connaît une importante amélioration en termes d’exposition des productions littéraires, scientifiques et techniques. «Nous avons opté mieux et plus pour le livre qui apporte une valeur ajoutée à cet événement.

Les livres religieux qui sont importés et exposés dans les salons, sont des livres qui traitent des sujets qui sont déviés du Saint Coran. Nous n’avons pas à importer des produits qui nuisent à nos valeurs dans toutes leurs dimensions culturelle, historique ou religieuse», souligne M.Yahyaoui Kamel, directeur central de l’entreprise Enag et membre actif dans l’équipe qui organise la 19é édition internationale du livre à Alger.

Décidément, le livre religieux importé dans le passé, traitait des différentes idéologies chiite, salafiste et plus, faisant beaucoup plus dans l’amalgame, au point de créer des confusions dans les cultures et connaissances des uns et des autres qui ne sont pas forcément branchés ou confinés dans la question religieuse qui ne fait pas à elle seule le printemps et la paix dans le pays et dans tous les pays du monde.

Le choix des organisateurs se porte sur la qualité et les auteurs reconnus en tant que tels de par leur maîtrise du sujet. Les organisateurs ont préféré placer la barre plus haut, afin de hisser le lectorat au niveau le plus haut, au lieu de se mettre à la portée des «diseurs» et autres fatawas insensés et qui n’ont aucune valeur scientifique ou littéraire, et encore moins pour toute la vie sociale et culturelle.

Pour mieux comprendre le fond des idées et écouter les avis de ceux qui se croient dans la peau des hommes saints, à savoir les salafistes, nous avons donné la parole à un de ces barbus en tenue afghane, qui reconnaît la difficulté du livre religieux tout en étant lui-même dans le sillage de ces sujets révolus. «Le livre religieux qui rentre en Algérie,comporte beaucoup d’anomalies. Il y a trop d’auteurs qui reviennent sur le même sujet, au lieu de passer à d’autres nouvelles questions inabordées», dira K. M, jeune barbu de 35 ans, qui n’a pas été jusqu’au bout de ses idées, à chaque fois qu’on le coince dans telle ou telle question relative à l’universalité du Coran et au message divin dans son originalité.

L’autre argument vient de Mme Talbi, directrice commerciale de la maison d’édition Ines. «C’est bien d’avoir un minimum de livres qui traitent de la religion, mais pas au point d’encombrer les salons par des livres religieux inquiétants. Cette année, nous avons constaté une nette amélioration en termes de sélection des livres qui apportent un plus pour le lectorat de manière générale», dit-elle.

Loin de toutes pressions politiques ou idéologiques, organisateurs et lecteurs convergent vers la nécessité de faire la part des choses entre les questions de la religion qui concernent l’univers de l’homme et les besoins immédiats ou à venir dans le domaine de la littérature, les langues, les sciences et les techniques. Comptable de formation, Mme L. Achour, met les points sur les «i». «Le salon du livre devient important, à partir du moment où les citoyens s’intéressent à la lecture et la connaissance de l’histoire du pays. Autrement, beaucoup de gens viennent rien que pour encombrer les espaces au nom de la religion», dira-t-elle. Une prise de conscience citoyenne, qui en dit long.