C’est un hiver bien au chaud, avant les grandes manœuvres de mars, que les «Verts», dans un match dont ils s’en sortent sans dégâts, se sont assuré sous la forme d’un petit mais ô combien précieux succès (0-1) face à des Botswanais qui n’ont pas eu d’autres choix que l’intimidation et l’agression caractérisée sous les yeux d’un arbitre partial. Un beau succès qui plus est acquis sur une pelouse catastrophique. La belle aventure qui continue.
Le pas du tout joli…guet apens
Que fallait-il demander de plus à Belmadi et ses troupes qui ont dû faire appel à tout leur métier et leur courage pour éviter le piège grossier tendu par des «Zèbres» confondant hospitalité douteuse et jeu de massacre auxquels s’ajoutent (indépendamment de leur volonté cette fois, des conditions de jeu rendues difficiles par un terrain injouable et une invitée de dernière minute, une forte pluie, ayant enfoncé le clou), sinon assurer l’essentiel ? Faire respecter leur rang, imposer le respect et l’emporter sans s’arrêter sur la manière comme le prévenait le sélectionneur national dans une déclaration d’avant-match où il aura tout dit: «Le résultat. En mettant tous les paramètres de notre côté.» Sans se soucier des commentaires qui suivront fatalement.
Devant un client de modeste envergure «remonté» (allez savoir pourquoi) comme rarement et qui usera d’expédients mettant en danger, sur nombre d’occasions litigieuses sur lesquelles le directeur de jeu, l’Ougandais Ali Sabila Chelanget, restera étrangement sans réaction, fermera carrément les yeux sur des agressions caractérisées, l’intégrité physique des joueurs algériens toutefois rendant coup pour coup. En se faisant ainsi respecter, notamment après la belle réalisation de Belaïli sur corner direct juste à la fin du 1er quart d’heure.
Sans briller, on le concède, les champions d’Afrique, en l’absence de leur capitaine Mahrez, laissé à la maison pour raisons personnelles, l’ont donc emporté petitement, mais ajouté trois points dans leur escarcelle, prenant au passage la tête au classement général provisoire dans un groupe «H» où le poste de leader ne semble pas leur échapper. Logique respectée et des statistiques claires et se passant de commentaires pour une sélection à que rien ne semble pouvoir arriver. Qui n’a plus peur de rien et de personne. Une belle réalisation de l’homme en forme, Belaïli, à un moment fort d’une partie toutefois bien maîtrisée tant sur le plan tactique et de l’influx nerveux (l’expérience de joutes africaines, jamais évidentes par ses côtés imprévisibles, a fait la différence) qui sait rendre faciles certaines sorties semées d’embûches. À l’exemple de ce round de Gaborone dont les péripéties et la tournure prise par les évènements n’ont pas plu à Belmadi qui s’en prendra indirectement au staff adverse dirigé par l’Algérien Adel Amrouche. En suspectant ce dernier d’avoir remonté ses joueurs en se déclarant entre autres, et à chaud, outré par le traitement à la limite du tolérable qui a été réservé, avec la complicité d’un référée complaisant, à des «Verts» désormais rompus à ce genre d’exercices et loin d’être intimidés.
À 1-0, et même si c’était trop tôt (il y avait de la place pour un large succès face à un vis-à-vis sans envergure et usant et abusant d’antijeu), la matérialisation, au tableau d’affichage, d’un début en trombe qui verra les camarades de Delort (titularisé contre toute attente, mais à juste titre à la place de Mahrez), bien présent sur le terrain avec des qualités physiques certaines devant la masse athlétique imposée par le camp d’en face, par ce corner direct exécuté magistralement par l’enfant d’El Bahia, tuera presque la rencontre, les Algériens, prenant dès lors un avantage psychologique certain (c’est aussi cela- la force mentale- la version Belmadi de l’E.N) et feront dans la gestion. Sans prendre de risques inutiles.
Le… joli esprit d’équipe
En se donnant les moyens d’assurer leur maigre avantage et de s‘en sortir du traquenard (dans tous ses états, le patron de la barre technique ne s’empêchera pas de regretter le visage montré par des hôtes particulièrement agressifs, en notant que «si les conditions étaient difficiles, à la limite du praticable, on a vu surtout de l’engagement à la limite du raisonnable») avec le moins de dégâts possibles sur le plan physique. Se désolant du recours systématiquement à l’agression pour déjouer ses poulains, Belmadi, qui se veut toujours aussi direct, regrette également la tactique prônée à l’occasion par son compatriote, Amrouche, en parlant, d’«instructions», estimant en outre, que «ce n’est pas de cette manière qu’on rend une partie difficile.»
Bien dans leur match, concentrés et sérieux, les «Combattants du désert», s’ils confirment cette appellation et fait preuve de patience et de maîtrise, ont donné une fois de plus raison à leur mentor qui met en avant «l’esprit d’équipe dont ils ont fait preuve» et qui s’est révélé décisif dans un duel ne ressemblant pas, par bien des côtés, à un match de football. «Un esprit d’équipe très important en Afrique et qui a fait défaut à beaucoup de grands noms du continent qui, malgré la présence de grands joueurs, ont lamentablement échoué dans leurs objectifs.»
Faut-il faire la fine bouche pour cette victoire qui reste, malgré tout, «belle» et bonne à prendre, la seconde de suite qui permet au N°1 africain de s’emparer du fauteuil du groupe et avancer à grands pas sur une qualification pour la prochaine CAN pratiquement (il suffirait d’un autre succès sur les deux rencontres à disputer à domicile face respectivement au Zimbabwe et le Botswana, ce qui reste dans les possibilités d’une sélection à la marge de progression incroyable, avec des talents de niveau mondial) assurée.
Ne faisant aucun doute à une journée de la fin de la phase «aller». Avec une attaque rarement restée aphone et qui inscrit au moins un but par sortie (on ne parlera pas du désormais fameux 3-0 passé à une grand Colombie en «amical», ou de la correction assortie d’un succès écrasant, sur un score fleuve de 5-0, infligée à une Zambie promenée de bout en bout, humiliée même), et une arrière-garde trouvant enfin son équilibre et qui, autour de son dernier rempart, M’Bolhi, a appris à défendre en s’offrant un 3e «clean-sheet» de suite, c’est un «Club Algérie» bien dans son rôle et assumant à merveille son costume de champion (il lui va tellement bien) qui laisse largement entr’ouvertes les portes des promesses. Celles, par exemple de ne pas quitter le toit du continent tout en continuant à progresser. En maintenant, si possible (c’est possible) la barre toujours haute. 1-0, face à un second couteau, mais dans des conditions dantesques. «Belle» victoire qui suffit au bonheur d’un public aux anges que celle que cette équipe lui offre. Une équipe qui montre que le sacre d’Égypte est oublié. Définitivement digéré.
Le meilleur est à venir ?
Page tournée. Pour signifier qu’elle a toujours faim comme dirait son patron, Belmadi, au retour de ce problématique et lointain voyage en Afrique australe finalement bien négocié. Du travail bien fait (Belaïli, qui s’est encore une fois bien illustré par sa vista, a fait le job en ouvrant le bal avant la fermeture à double tour du match par des «Fennecs» maîtres de leur destin) qui leur permet de prendre le large sur leurs adversaires du groupe et s’en aller (ils le méritent à l’arrivée d’une année 2019 positive sous tous rapports et riche en hauts faits d’armes, dont une ascension fracassante dans les hauteurs africaines, avant un atterrissage fêté comme il se doit sur le plan populaire, sur le sommet de la hiérarchie) passer l’hiver au chaud.
Les «Verts», que rares attendaient (sauf peut-être son entraîneur très vite dans le bain et annonçant la couleur dès son intronisation) à un tel niveau de compétitivité après une traversée du désert qui aura perduré depuis la démission surprise de Gourcuff (en poste durant la période 2014-2016 et sous la direction duquel l’Algérie a disputé 21 rencontres toutes compétitions confondues, alignant au passage 13 victoires, 03 nuls et 05 défaites, un bilan somme toute positif pour un technicien qui a su apporte une touche personnelle s’inscrivant en droite ligne de la philosophie de jeu du joueur algérien) et la succession de coaches (Rayvac, Leekens, Alcaraz et Madjer entre autres) dont l’apport sera nul comme le soulignera ce bide monumental en «qualifs» du Mondial 2018 en Russie qui restera longtemps en travers de la gorge d’une opinion footballistique nationale réapprenant à espérer avec un Belmadi en phase avec ses espérances, viennent de boucler une année civile en tous points belle à raconter.
En prime, un incroyable record d’invincibilité (18 rencontres sans défaite) qui fait d’elle une des belles curiosités à l’échelle internationale. Du bon et du très bon que ce visage montré à travers ce périple en terres botswanaises où il leur a fallu bien du courage pour se faire respecter face à une adversité où il a fallu compter (inexplicable, mais c’est l’Afrique du football) avec le caractère belliqueux de «Zèbres » se trompant de match et un trio arbitral étrangement absent et laissant faire sur la majorité des actions litigieuses mettant directement en danger la santé des joueurs.
Du bon et du très bon puisque les «Verts», qui savaient ce qui les attendait, n’ont pas mis longtemps pour prendre, sans trop se précipiter, le jeu à leur compte. En trouvant très vite la faille (un but avant la fin du 1er quart d’heure, c’est toujours bon pour le moral) et rendre moins fastidieuse une partie qui prendra des relents de guet-apens. Une équipe d’Algérie décidément en forme et sur sa lancée de la dernière CAN. Qui s’inscrit en droite ligne de ses nombreux objectifs. Rendez-vous au mois de mars, mais comme nous l’écrivions dans notre précédente édition, des souhaits de «meilleurs vœux» anticipés. Et la promesse, ferme, que le meilleur est à venir.
Par Azouaou Aghilès