On parle souvent de la sélection algérienne de 1975 comme d’une génération dorée. Il est vrai que le parcours de l’équipe nationale jusque dans les années 1990 fut fantastique avec plusieurs participations à des tournois majeurs et une victoire à la CAN. Mais il existe une nouvelle génération dorée, celle qui honore le maillot des Fennecs sur les terrains de nos jours.
Hacène Lalmas, Moussa Saïb, Djamel Belmadi. Des grands noms et des grands joueurs qui ont marqué le football algérien, mais qu’on a jamais vus tous les trois sur les terrains. Impossible, bien entendu, puisque Lalmas pourrait être le père des deux autres. Mais ce temps est révolu. Plusieurs grands champions se retrouvent de nos jours en sélection, pour le plus grand bonheur des Algériens. La nouvelle génération dorée, vainqueur de la dernière CAN, offre un jeu léché et agréable en plus d’être performante dans les résultats. Comment donc Djamel Belmadi, aujourd’hui sélectionneur de l’Algérie, a-t-il réussi à mettre en place une équipe aussi cohérente ? Éléments de réponse.
Une approche différente
Quand il arrive en 2018, l’équipe n’est pas encore qualifiée pour la CAN et certains joueurs acceptent peu le changement prodigué par Belmadi. Ce sera la porte. Pas de passe-droit avec le sélectionneur. Seules les performances comptent. Avec une concurrence plus saine, les joueurs sont motivés et la campagne 2019 repart sur les chapeaux de roues. On connaît le dénouement de cette magnifique aventure. Une victoire portée par le joyau des Fennecs : Riyad Mahrez.
Mais l’exploit de Belmadi, c’est bien d’avoir su jongler entre l’intérêt sportif des joueurs et une bonne ambiance dans le groupe. Il n’a ainsi pas hésité à sélectionner Andy Delort pour la première fois en 2019. Plus que cela, il a su en tirer le meilleur, galvanisant toujours ses troupes comme un général avant la bataille. Les fennecs sont solides et techniques, combinaisons possibles grâce à la qualité intrinsèque de l’effectif. Une qualité parfaitement mise en valeur par l’entraîneur.
Un effectif digne des meilleurs nations
Mais, avec un effectif aussi pléthorique, les choix de Djamel Belmadi seront compliqués. Lui, qui a su former une équipe compétitive et unie, doit maintenant composer avec un statut de favoris dans les compétitions continentales. Les cartes qu’il a en main sont excellentes, des joueurs majeurs à toutes les lignes. Une véritable Quinte Flush, une des combinaisons de poker qui assure pratiquement la victoire. Encore faut-il savoir faire jouer autant de talents ensemble et c’est justement dans ce domaine que Belmadi excelle.
Car, on ne peut nier que l’équipe d’Algérie a rarement été autant dotée de tels talents à tous les postes. Sans même citer le génie des Citizens, Ismaël Bennacer est un milieu de terrain de premier ordre. Quelques blessures ont entaché ses performances la saison passée, mais personne ne doute qu’il reviendra vite à son meilleur niveau au vu de son âge. En défense, Aïssa Mandi est le leader incontesté. Aussi puissant que rapide, il va faire le bonheur de son nouveau club en Espagne, Villarreal. Nous pourrions citer Ramy Bensebaini, Islam Slimani et bien d’autres encore. Le choix est vaste pour l’entraîneur et son staff et c’est justement grâce à ce large vivier de grands talents que Belmadi a opéré une sélection drastique après sa nomination.
Un staff intransigeant
Selon le propre témoignage du sélectionneur, certains étaient dans des chaussons à son arrivée. Ils étaient ainsi persuadés que peu importe leurs performances, ils seraient sélectionnés car détenteurs de passe-droit. Il n’en fut rien et si le staff est resté intransigeant, il n’exclut pas de reprendre certaines têtes dures s’ils sont performants. Car voilà le maître-mot. Qu’importe le statut de binational, qu’importe le lieu de naissance, c’est le talent et la volonté de jouer pour les Fennecs qui sont les premiers critères de sélection. Avec un système aussi sain, qui ouvre le champ des possibles tout en désamorçant d’éventuels conflits dans le vestiaire, Belmadi semble avoir trouvé une partie de la recette magique.
La nouvelle campagne pour les qualifications de la CAN 2021 a montré que l’Algérie ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. Avec une attaque de feu et une défense solide qui a permis à la sélection d’égaler un record détenu autrefois exclusivement par l’Égypte, l’Algérie est définitivement entrée dans la cour des équipes qui comptent et qui seront craintes. Tant lors de la Coupe d’Afrique des Nations que lors des prochains éliminatoires pour la Coupe du Monde.