Les manifestants ont également exprimé leur opposition à la tenue de l’élection présidentielle du 12 décembre prochain.
Une grande marche s’est ébranlée à Paris, hier vers 15h, de la place de la République (10e arrondissement) vers la place Stalingrad (19e arrondissement). Des milliers d’Algériens de la diaspora ont défilé sur un parcours de deux kilomètres pour demander la libération de leurs compatriotes emprisonnés en Algérie et s’opposer à l’organisation de l’élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain. Une grande ferveur s’est emparée de la foule qui a traversé plusieurs boulevards sous les regards des badauds et des touristes.
Des Français solidaires n’ont pas hésité à se joindre à la marche qui a marqué une halte à proximité de la gare du Nord où l’hymne national a retenti. D’autres chants patriotiques et les slogans mythiques du hirak ont ponctué tout le parcours. Ils ont été diffusés par une sono installée sur un camion réquisitionné par les organisateurs. Plusieurs collectifs et organisations des expatriés algériens en France ont appelé à la marche.
Pour garantir son bon déroulement, ils ont mis en place une logistique très rodée. Un service d’ordre animé par des volontaires, revêtus de gilets orange, a été déployé tout le long de l’itinéraire. Pour le symbole, les organisateurs ont reproduit une cellule montée sur des roulettes qui a fait son chemin parmi les marcheurs. Sur les barreaux, plusieurs portraits de détenus ont été accrochés.
D’autres scènes très poignantes ont marqué la manifestation comme celle montrant un homme en fauteuil roulant, conduit pas une vieille dame vêtue d’une robe kabyle. Le défilé haut en couleur s’est distingué aussi par le déploiement d’un emblème national géant et d’innombrables petits fanions amazighs.Même la météo, pourtant capricieuse ces derniers jours, était du côté des manifestants.
La pluie a cessé de tomber, laissant paraître un soleil qui a donné plus d’entrain à la marche. Seuls, entre amis ou en famille, des Algériens parfois venus de loin ont tenu à être présents. “Nous sommes toujours déterminés. Nous ne faiblirons pas. Ce pouvoir corrompu doit partir et laisser sa place aux jeunes. Non à l’élection. Nous sommes face à la même bande et nous ne sommes pas près de voter pour qu’elle se maintienne”, explique Radouane.
Pour motiver la foule, des animateurs munis de haut-parleurs se sont placés à différents niveaux. Akila Lazri, une des têtes d’affiche du mouvement citoyen en France, a tenu son rôle jusqu’au bout, marchant devant un carré de manifestants chauffés à blanc. “Yetnahaw gaâ”, “Djazaïr hourra democratia”, “Ulac lvot Ulac”, “Presse libre, justice indépendante”, “Silmiya, silmiya” sont autant de slogans scandés par la foule avec ferveur.
Des banderoles étaient également chargées de messages. “Un peuple uni ne sera jamais vaincu”, pouvait-on lire sur l’une d’elles. Sur une autre, la France a été accusée d’être “complice des généraux assassins” en Algérie. La marche qui s’est achevée vers 17h30 a été suivie d’un grand rassemblement sur la place Stalingrad. D’autres rassemblements ont été tenus samedi dans d’autres villes de France, notamment à Marseille, à Lyon et à Strasbourg.
S. L-K.