La France va retrouver l’Allemagne, vendredi en quarts de finale de la Coupe du monde (18h). Un choc qui rappelle de bien mauvais souvenirs aux Bleus, même si la hache de guerre sportive est enterrée depuis longtemps entre les deux pays.
Avec le temps, acteurs, spectateurs et observateurs de ce duel au couteau ont fini par déposer les armes. La paix a fait son œuvre et, de nos jours, le France-Allemagne du foot ne transpire plus le conflit larvé entre les deux meilleurs ennemis de la première moitié du siècle dernier. France-Allemagne, c’est l’histoire d’une rivalité et d’une époque que les moins de 30 ans n’ont pas connu. Une haine féroce, même, entre deux pays qui ont relancé bien malgré eux sur le terrain sportif, dans les années 80, cette aversion profonde nourrie par deux guerres mondiales.
8 juillet 1982. La France de Platini rencontre la République Fédérale d’Allemagne de Rummenigge en demi-finale de la Coupe du monde. Depuis la seconde guerre mondiale, ce n’est pas la première fois que les deux nations se retrouvent en compétition officielle. Mais en cette soirée espagnole, le match disputé à Séville va dépasser toutes les attentes, délivrer toutes les émotions et surtout, rouvrir des blessures que l’on pensait cicatrisées.
Harald Schumacher, ce « sale boche »…
Objet de toutes les rancoeurs, c’est Harald Schumacher, le gardien allemand à la moustache de Magnum et auteur d’un véritable attentat non sanctionné sur Patrick Battiston, qui va cristalliser toutes les haines. Et endosser les habits du parfait « sale boche », avec pour « Obersturmführer » Paul Breitner et Horst Hrubesch. La qualif’ en poche à l’issue d’un scénario à couper le souffle (3-3, 5 tab 4), les Allemands vont retrouver durant plusieurs mois le statut peu envié d’ennemis de la patrie. Une étiquette entretenue par une presse qui se déchaîne, des caricaturistes qui s’en donnent à coeur joie en exploitant certains symboles de l’occupation, et un peuple de France qui ne peut littéralement plus voir en peinture le voisin d’outre-Rhin.
Quatre ans plus tard au Mexique, la France -flanquée du statut de favorite de la Coupe du monde- retrouve l’Allemagne en demi-finale pour un nouveau choc au sommet qui sent bon la revanche et le soufre. Gonflés à bloc après leur succès face au Brésil au tour précédent, les Bleus ont surtout vidé toutes leurs batteries dans ce match à rallonge, gagné aux tirs au but. La finale avant l’heure fait pschitt, et Schumacher et sa bande s’offrent de nouveau le sclap de Platini et ses amis. Cette fois-ci à la régulière. C’est la dernière fois que les Tricolores croiseront la route de l’Allemagne en compétition officielle.
Des relations définitivement pacifiées
Heureusement, les années qui suivent vont définitivement pacifier les relations entre les deux pays. François Mitterrand et le chancelier Kohl y sont pour beaucoup, la construction européenne, le consortium Airbus, la franche amitié qui lie les différents chefs d’Etat qui vont se succéder ou encore… la victoire des Bleus à la Coupe du monde 1998 finiront de tourner ce chapitre noire de l’histoire du football français.
A tel point que vendredi sur la pelouse du stade Maracana, il est fort à parier que seuls les cheveux « poivre et sel » auront encore une dent et un ultime compte à régler avec « ces » Allemands. Pas la jeune génération, qui est passée à autre chose depuis belle lurette et qui vivra ce match à des années-lumière du moindre ressentiment. Ce n’est pas plus mal ainsi.