France Flambée de la contestation sociale

France Flambée de la contestation sociale

La « France qui bosse » est en colère. Dans le contexte d’un état d’urgence dénoncé par la classe politique et le Conseil de l’Europe, le climat de contestation traduit le malaise social ressenti par les différentes catégories de la société.

Le mouvement de grève fait tache d’huile dans les milieux des chauffeurs de taxi en révolte contre le « terrorisme économique », des contrôleurs aériens, des enseignants et des fonctionnaires. Mais, en plus spectaculaire, la grogne des chauffeurs de taxi a provoqué une paralysie dans la capitale et dans les grandes villes françaises.

Hier soir, quelque 1.200 chauffeurs de taxi ont répondu à l’appel de deux intersyndicales, pour protester contre la concurrence jugée déloyale des véhicules de transport avec chauffeur (VTC), notamment à la porte Maillot (XVIe arrondissement de Paris) envahie par 300 taxis et aux aéroports d’Orly et de Roissy.

Des bouchons monstres ont été enregistrés le long de l’autoroute marseillaise. Aux aéroports parisiens mais aussi aux gares et aux points névralgiques de la capitale, la paralysie est totale. « Aujourd’hui on voit que beaucoup de gens sont à bout. On n’arrive plus à joindre les deux bouts. On ne veut pas gêner les Français mais on n’a plus le choix. Certains collègues montent des dossiers de surendettement.

Le combat va être dur mais on va essayer de le gagner en trois, quatre jours, une semaine s’il le faut. […] La loi ne peut pas être appliquée car elle nécessite des contrôles des forces de police qui sont affrétées ailleurs, ce qui est normal dans la période actuelle », s’insurge un chauffeur de taxi présent à la porte Maillot. La situation est toujours tendue à la Porte maillot et à Orly où 20 personnes ont été arrêtées pour « violences, port d’armes et incendies », selon la préfecture de police.

Cette flambée de la contestation sociale touche la communauté des fonctionnaires à l’appel des principaux syndicats (CGT, FO, Solidaires et FSU) pour dénoncer le gel, depuis juillet 2010, du point indiciaire servant au calcul du salaire de base perdant « compte tenu de l’inflation, 8 % de leur pouvoir d’achat ». Entre 110 et 120 manifestations sont prévues auxquelles devraient se joindre les enseignants, mobilisés contre une réforme des collèges d’enseignement du secondaire, des autres secteurs d’activités (santé, sécurité sociale, finances…) et les contrôleurs aériens provoquant l’annulation de 20% des vols. Les agriculteurs ne décolèrent pas non plus.

En Bretagne, à Poitou-Charentes en Haute-Marne et dans l’Aveyron plusieurs actions ont été organisées pour protester contre la baisse des prix et les effets attendus du « plan d’urgence » décrété en juillet 2015 pour la filière de l’élevage. Des mesures d’ajustement sont de ce fait annoncées par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, en Conseil des ministres prévu hier.

Dans cette France de la contestation tous azimuts, des écoles et des crèches fermées, des vols annulés et des chauffeurs de taxi jouant leur « survie », la crise sociale s’invite en signes précurseurs de la malvie. « Je crois qu’il faut que l’on comprenne que c’est pas juste la colère des taxis, c’est pas juste la colère des agriculteurs, c’est à un moment cette France qui bosse, elle n’en peut plus », a diagnostiqué le secrétaire général du parti Les Républicains, Laurent Vauquiez.