Le bagagiste de Roissy Abderazak Besseghir, qui avait été placé en détention suite à la découverte dans le coffre de sa voiture d’armes ainsi que d’explosifs le 28 décembre 2002, a été libéré vendredi 10 janvier 2003. Soupçonné de vouloir commettre un acte terroriste, le jeune homme âgé de 27 ans était en fait la cible de machinations familiales, comme il a toujours affirmé.
Un règlement sordide de comptes familiaux, rappelé aujourd’hui 28 avril 2022 par “Le soir Mag” : voilà en quoi se résume le dossier du bagagiste de Roissy, Abderazak Besseghir, après un retournement exceptionnel de situation.
Abderrezak Besseghir est Maghrébin. Français, originaire d’Algérie et musulman. Il est employé dans un aéroport, un très grand même : Roissy. Il accède à des endroits restreints, des zones interdites…
Fin 2002, le citoyen lambda perçoit des terroristes un peu partout. En particulier s’ils viennent du Maghreb, que certains se prétendent musulmans et ont accès aux soutes des avions. Il en fallait peu pour faire fonctionner l’incroyable stratagème qui a mené Besseghir en prison.
Retour à Roissy. Le 28 décembre 2002, Abderrezak Besseghir est sur son lieu de travail. Il avait été signalé par « un légionnaire à la retraite ». Dans le coffre de sa voiture, dont il accepte d’ouvrir aux policiers, se trouvent des armes ainsi que des explosifs : un Colt 45, un pistolet-mitrailleur, cinq pains de plastique fabriqués en Yougoslavie, deux détonateurs ainsi qu’une mèche lente…
La justice s’emballe, les officiers de police et magistrats ont la certitude, en fin d’année, de détenir un terroriste. Encore mieux : tout un réseau. Cinq autres personnes ont été interpellées : il s’agit d’un oncle de Besseghir, des proches, des collègues de travail.
Les médias s’emparent de la cible, qui est trop intéressante. Les uns avec la prudence et la discrétion habituelles, les autres sans le moindre scrupule : ils ont l’air absolument convaincus de » tenir » un coupable idéal et affichent de scandaleux titres.
Le piège se dénoue, Besseghir n’est plus coupable
Le temps de 96 heures de détention policière a sans doute paru une éternité à Abderrezak Besseghir. Pourtant, assez rapidement, le piège se dénoue. Passés les premiers doutes des enquêteurs – le jeune homme n’avait jamais été interpellé auparavant, il s’était parfaitement intégré, ne présentait rien de l’intégriste que lui avaient décrit ses beaux-parents… – les choses semblent évidentes : Il est innocent. Ce que confirme « rapidement » l’enquête menée sur le terrain, où que se rende la police. Par ailleurs, son conflit affiché avec sa belle-famille constitue un motif parfait pour une machination. C’est ce qu’il ne cesse de répéter depuis le début.
Les parents de sa défunte épouse Louisa, Fatiah et Ahmed Bechiri, lui ont reproché de l’avoir tuée quatre mois plus tôt. Les investigations ont clairement déterminé la cause de sa mort : Louisa, souffrant de dépression, s’est suicidée en s’immolant par le feu en juillet 2002. Elle meurt après deux mois de coma, au mois de septembre de la même année.
C’est cette mort qui a nourri le besoin de « vengeance » de ceux qui ont perdu leur fille : ils ne peuvent supporter que les investigations aient conclu à son suicide. Alors, ils décident de faire justice eux-mêmes. Tous les coups y sont permis : vouloir retirer à Abderrezak la garde de son enfant. Le refuser à l’enterrement de son épouse. Faire effacer le nom marital de Louisa sur la tombe, pour lui préférer son nom de jeune fille. Autant de comportements ne jouant pas à leur avantage au moment où les enquêteurs les ont découverts, confirmés par le témoignage des proches de Besseghir.