PARIS – Le mouvement de « gilets jaunes » a obligé le président Emmanuel Macron et son gouvernement à s’affairer ardemment à trouver des solutions, surtout convaincantes, face à la colère des Français, en mettant à contribution le maximum de partenaires, pour une paix sociale.
En optant pour cette voie sociale, pas du tout prévue dans son programme, le président français, en chute de popularité depuis la crise « jaune », ne souhaite nullement, cependant, renoncer à ses réformes, même s’il donne l’impression de marquer une pause nécessaire.
Après avoir annoncé le 10 décembre dernier des mesures en faveur de l’apaisement, il met à contribution tous les partenaires susceptibles de travailler avec son gouvernement et soutenir ses décisions par des actions concrètes.
Il a réuni, tour à tour, les partis politiques, les partenaires sociaux, les banques et, pas plus tard que mardi, les représentants des trois familles d’organismes complémentaires de santé. Il s’agissait des
mutuelles, assurances, instituts de prévoyance afin de « bâtir des solutions concrètes à l’urgence économique et sociale », exprimée lors de son allocution aux Français.
Cependant, cette « urgence économique et sociale » implique un coût, plus de 10 milliards d’euros, et dont sa mise en œuvre constitue déjà un casse-tête en matière de financement.
Pour calmer une autre colère, cette fois-ci celle des policiers, le gouvernement a prévu une autre facture en décidant d’un prime de 300 euros pour les heures supplémentaires des policiers engagés dans les mobilisations des « gilets jaunes ».
Ce sont 111.000 fonctionnaires qui bénéficieront de cette prime pour un coût total d’environ 33 millions d’euros.
Pour soutenir sa démarche, le président Macron a demandé l’aide à une centaine de représentants d’entreprises françaises qui les a réunis après les banquiers, la semaine dernière. « J’ai besoin de vous », avait-il dit, soulignant que le modèle économique et social de la France est au « bout du rouleau ». Ainsi, les entreprises vont prendre leur part à hauteur de 2,5 milliards d’euros, a-t-on indiqué.
Mardi, il a demandé aux trois familles d’organismes complémentaires de santé des engagements « supplémentaires » pour que le coût de la santé « pèse moins sur le pouvoir d’achat des ménages ».
Un pouvoir d’achat déjà annoncé par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en « nette hausse » pour l’année 2019, avec une progression de 3 %.
Mais le débat en France tourne ces jours-ci autour du financement de cette « urgence économique et sociale » engagée par le gouvernement où il va falloir trouver de l’argent.
Un Conseil des ministres est prévu ce mercredi afin d’examiner toutes les possibilités financières pour la concrétisation de ses mesures qui va, sans doute, demander d’entériner des décisions sur la réduction des budgets de l’Etat, dont le déficit sera porté à 107,5 milliards d’euros.
Toutefois, le mouvement des « gilets jaunes » a remporté mardi une petite victoire lorsque l’Assemblée nationale française a validé, sans débat, le gel des taxes sur les carburants jusqu’en 2022, après que le Sénat l’eut voté dans le cadre du projet de budget pour 2019.
Après sa faible mobilisation constatée samedi dernier, le mouvement des « gilets jaunes » a été contraint, depuis lundi, à évacuer les ronds-points où il avait dressé ses quartiers généraux. Une pause a été marquée, semble-t-il, par le mouvement qui a répondu favorablement aux appels d’apaisement pour les fêtes de fin d’année, mais le pari reste grand pour le gouvernement dans sa quête de vouloir apporter rapidement des réponses aux Français ayant exprimé leur ras-le-bol fiscal qui détériore leur pouvoir d’achat.
Même si les gilets jaunes vont être pliés le temps des fêtes de fin d’année, les revendications restes vives et intactes, estiment de nombreux observateurs.