Sélectionneur décrié et en fin de règne, jeu terne, qualification laborieuse pour le Mondial entachée d’une main, blessures et temps de jeu famélique pour certains cadres, affaire de moeurs, désamour du public: Où vont les Bleus, finalistes du Mondial-2006, essorés à l’Euro-2008?
Avant le Mondial-2006, les critiques s’étaient abattues sur la sélection française, Vieira avançant sur une jambe, tandis que Zidane et Makelele revenaient pour tenter de sauver la patrie après les expérimentations sans succès de Raymond Domenech.
Ce dernier sidéra tout le monde en lançant avant le Mondial en Allemagne que Vieira serait l’un des meilleurs joueurs du tournoi et en donnant rendez-vous le jour de la finale. Les Bleus furent bien présents le 9 juillet à Berlin. Et Vieira, s’il dut quitter ses partenaires en cours de match sur blessure, fut bien l’un des meilleurs joueurs de l’épreuve, plaque tournante du jeu.
Mais quatre ans plus tard, les Bleus n’ont plus la cote. L’Euro-2008 est passé par là. Vieira connut un avant-Euro haché par les blessures. Mais cette fois, bien qu’intégré au groupe, il ne joua jamais un seul match. Et une faille béante apparut entre les générations dans le groupe. Résultat: les Français sont sortis sans gloire au premier tour, encaissant six buts et n’en marquant qu’un seul.
Pour couronner le tout, Domenech a demandé la main de sa compagne en direct à la télévision le soir de l’élimination, plutôt que de faire son mea-culpa.
La suite ne fut qu’un calvaire. Alors que la logique aurait été de se séparer du technicien national après un tel fiasco, Domenech a été laissé en place…
Le coach provocateur fut sommé d’arrondir son discours, ses joueurs d’être généreux sur le terrain et en dehors. L’échec fut total. Le premier match de qualification au Mondial-2010 se solda par une humiliation 3 à 1 en Autriche. Domenech avança pour seule explication les grands gabarits autrichiens, qui auraient nécessité des « escabeaux » côté français.
Devant un parterre de journalistes plus fourni que d’habitude, Domenech lâcha ensuite que la presse était attirée par « l’odeur du sang », lançant l’image terrible de la « guillotine »…
Il n’en fit ensuite qu’à sa tête, changeant la date de l’annonce de sa liste des 23, du 2 au 11 mai (jour de la Sainte-Estelle, prénom de sa compagne), puis décida le jour J d’annoncer 30 joueurs au lieu de 23, prenant à contre-pied son président Jean-Pierre Escalettes.
Entre temps, la France s’était qualifiée dans la douleur en barrages aux dépens de l’Irlande sur une main de Thierry Henry. Le scandale fut planétaire. Et en décembre 2009, au tirage au sort du Mondial, la France ne fut pas tête de série mais épargnée en tombant dans le groupe A, peu relevé (Uruguay, Mexique, Afrique du Sud).
Ce soulagement fut vite balayé par un match amical désastreux contre l’Espagne le 3 mars (succès de la Roja 2-0). Henry, capitaine emblématique (118 sélections, 51 buts), fut transparent ce jour-là, payant son pauvre temps de jeu à Barcelone. Puis vint la blessure de Gallas, qui tente de se remettre sur pied actuellement. Et comme si tout cela ne suffisait pas, une affaire de moeurs éclaboussa Ribéry.
Domenech a tranché dans le vif en ne retenant pas Vieira, en méforme, ni Benzema ni Ben Arfa, jeunes joueurs trop individualistes et capricieux. Cela suffira-t-il? Les joueurs français seront-ils déstabilisés par l’officialisation prochaine du remplacement de Domenech par Laurent Blanc après le Mondial? Il y a décidément beaucoup de nuages dans le ciel des Bleus.