France : Premier test social pour Le président français Emmanuel Macron

France : Premier test social pour Le président français Emmanuel Macron

M. Macron a déclaré récemment qu’il n’entend rien céder aux changements qu’il veut apporter à ce Code. Les syndicats et les partis de l’opposition de gauche, eux, promettent de faire déplacer continuellement la contestation des bancs de l’Assemblée nationale à la rue. A la pointe de ce mouvement, le très médiatisé chef de file de la gauche radicale française. Jean-Luc Mélenchon

, devenu une figure centrale du champ politique français depuis les dernières élections françaises, remonte au créneau. Hier, mardi, à la tête d’un rassemblement de plusieurs milliers de personnes à Marseille où il a été élu député de sa formation, il a promis de «faire reculer» le président Macron et son gouvernement.

«Il va finir par céder, ce pays ne veut pas du monde libéral (…) Ici, c’est la France c’est pas l’Angleterre», a-t-il assuré. A côté de la gauche radicale, la CGT assure, elle aussi, qu’elle mobilisera tous ses moyens pour s’opposer à la réforme du Code du travail : un texte qui, selon les dirigeants de ce syndicat, met les salariés à la merci du patronat et remet en cause des décennies de lutte pour les droits des travailleurs en France. La CGT attendait près de 200 manifestations et a comptabilisé 4 000 appels à la grève un peu partout en France pour dénoncer un texte qui, selon Philippe Martinez, le numéro 1 du syndicat, «donne les pleins pouvoirs aux employeurs». Le cortège organisé à Paris a mobolisé plusieurs centaines de manifestants alors que des grèves ont perturbé les trains en banlieue parisienne et le secteur aérien, avec l’annulation de 110 vols par Ryanair. Des forains se sont joints également au mouvement en bloquant au petit matin avec leurs camions la circulation sur une partie des Champs-Elysées et certains axes menant à la capitale. Des perturbations étaient également signalées dans les autres grandes villes, de Strasbourg à Nice en passant de Rouen à Toulouse. Des syndicats étudiants et lycéens et les mouvements de jeunesse de plusieurs partis de gauche ont appelé à rejoindre les manifestations contre «une régression sociale historique».

Division syndicale

La journée d’hier a mobilisé beaucoup de monde parmi les courants et les forces hostiles à la révision du Code du travail. Ces dernières ont cependant besoin de s’inscrire dans la durée pour faire plier le président Macron et son gouvernement dirigé par le Premier ministre Edouard Philippe. Leur défaut, pour l’instant, est qu’elles se présentent en rangs dispersés quand certaines d’entre elles ne sont pas animées par la logique et l’ambition du leadership. Face à la CGT, les deux autres principaux syndicats, FO et la CFDT, bien que critiques envers la réforme, n’ont pas appelé à manifester. «La CFDT sait organiser des manifestations (…) mais on n’a pas besoin de faire une démonstration de faiblesse», a expliqué le patron de ce syndicat, Laurent Berger, contre l’avis d’une partie de ses militants.

La division des syndicats interroge sur l’ampleur de la mobilisation contre un président qui a certes chuté dans les sondages, mais fait face à une opposition éparpillée, rappellent les observateurs de la scène politique française. Emmanuel Macron, qui se rendait mardi dans l’île caribéenne de Saint-Martin frappée la semaine dernière par l’ouragan Irma, a averti qu’il «serait d’une détermination absolue» sur cette réforme et ne «cèderai(t) rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes». Une déclaration choc, «totalement» assumée par l’intéressé, qui a fait bondir ses opposants politiques et risque de galvaniser les manifestants.

«Une mobilisation sociale est toujours imprévisible» mais elle semble affaiblie par le manque d’alternative politique, estime toutefois selon l’AFP Jean-Daniel Levy, analyste de l’institut de sondages Harris Interactive. Premier gros chantier social du quinquennat, la réforme prévoit un plafonnement des indemnités en cas de contentieux, la réduction des délais de recours des salariés ou encore la possibilité de négocier sans syndicat en dessous de 50 salariés, alors que les petites et moyennes entreprises représentent près de la moitié des salariés en France. L’objectif affiché par le président Macron est de donner plus de flexibilité aux entreprises et de les encourager à embaucher alors que le chômage reste massif.

Il touche 9,5% de la population active, contre une moyenne de 7,8% en Europe. Il s’agit également aussi, selon les commentateurs politiques et économiques français, de regagner la confiance de l’Allemagne, qui réclame depuis longtemps des réformes structurelles à Paris. L’enjeu est d’autant plus important pour Emmanuel Macron que l’exécutif envisage d’autres réformes sociales importantes dans les mois à venir: assurance chômage, apprentissage, formation professionnelle et retraites. «Nous tiendrons», a promis le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.

Emmanuel Macron a connu, hier, son premier test social après une journée nationale de grèves et de manifestations contre la réforme du Code du travail, un dossier qui s’annonce comme celui de la grande confrontation entre l’Elysée, les syndicats et les formations de gauche en France.