En réponse aux déclarations récentes de Chams-Eddine Hafiz, doyen de la Grande Mosquée de Paris, qui encourageait les électeurs musulmans, et particulièrement les Algériens, à ne pas voter pour le Rassemblement National, le parti d’extrême droite a pris des mesures. Le Rassemblement National, anciennement connu sous le nom de Front National, dirigé par la famille Le Pen, a réagi par l’intermédiaire du député Julien Odoul.
Julien Odoul, député du Rassemblement National, a adressé une question parlementaire numérotée 18504 à Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Ce document, daté de quelques semaines avant les élections législatives anticipées convoquées par Emmanuel Macron, accuse Hafiz d’ingérence algérienne dans les affaires françaises.
Dans sa question, Odoul affirme que Hafiz, dans son discours du 22 mai 2024, a invité les musulmans à voter contre l’extrême droite lors des élections européennes du 9 juin 2024. « En tant que Français et musulmans, notre devoir est de participer activement aux élections pour renforcer notre démocratie », écrit Hafiz dans un article sur le site de la Grande Mosquée de Paris.
Julien Odoul a sévèrement critiqué ces déclarations, les qualifiant d’inacceptables pour un représentant religieux. Il remet en cause la neutralité de la Grande Mosquée de Paris, arguant que celle-ci ne devrait pas s’impliquer politiquement. Odoul a également rappelé l’accueil de Sabrina Sebaihi, députée d’origine algérienne et candidate de « La France Insoumise » aux élections européennes, par Hafiz.
Le député du RN accuse Hafiz d’être un soutien implicite du Hamas
Odoul accuse également Hafiz de soutien implicite au Hamas, soulignant son refus de reconnaître cette organisation comme terroriste. Il mentionne une déclaration de la mosquée après l’attaque du 7 octobre 2023, où le Hamas a frappé Israël. Selon Odoul, Hafiz aurait omis de condamner les actions du Hamas et aurait plutôt soutenu la résistance palestinienne.
L’accusation de Julien Odoul va plus loin, impliquant la Grande Mosquée de Paris comme ennemie de la République. Il l’accuse de critiquer les actes anti-musulmans tout en ignorant prétendument l’antisémitisme. Cette position est souvent utilisée par ceux qui critiquent les crimes commis par Israël dans la bande de Gaza.
Le député d’extrême droite avance également que la Grande Mosquée de Paris reçoit un financement annuel de 2 millions d’euros de l’Algérie. Il questionne comment l’Algérie réagirait si une institution partiellement financée par la France intervenait dans ses élections.
Une peur de l’influence musulmane sur les élections
Cette question parlementaire reflète la crainte du Rassemblement National face à l’appel de Chams-Eddine Hafiz, qui pourrait influencer les électeurs musulmans à voter contre leur parti. Cette peur est amplifiée par la possibilité que cet appel réduise les chances du parti d’extrême droite aux élections législatives prévues pour la fin du mois.
Les lois françaises garantissent aux électeurs le droit de s’unir pour défendre leurs intérêts contre tout candidat menaçant, au même titre que tous les citoyens. Cette liberté est fondamentale pour la démocratie française, où chaque communauté peut faire entendre sa voix dans le processus électoral.
Les déclarations de Chams-Eddine Hafiz soulèvent également la question de la liberté d’expression religieuse en France. En tant que doyen de la Grande Mosquée de Paris, Hafiz représente une voix influente parmi les musulmans français. Son appel à voter contre le Rassemblement National est une expression de ses valeurs et convictions, qui trouve un écho important dans sa communauté.
Pourtant, cette liberté d’expression est contestée par certains, qui estiment que les institutions religieuses devraient rester neutres politiquement. Cette controverse illustre la tension entre l’expression des valeurs religieuses et la politique en France, un pays où la laïcité est un principe central.