Alors que l’Algérie continue de réclamer la reconnaissance et la condamnation de la torture coloniale française, le projet d’ériger une statue à Toul (Meurthe-et-Moselle, nord-est de la France) en l’honneur du colonel Marcel Bigeard suscite une colère légitime chez les Algériens et les Français qui ont conscience des crimes de la colonisation.
Bigeard, symbole de la cruauté et de la barbarie de la guerre d’Algérie, est accusé d’avoir commandité et pratiqué la torture contre des Algériens. Son nom est gravé dans la mémoire collective comme synonyme de terreur et de répression.
Les témoignages poignants des victimes et de leurs familles, ainsi que les documents historiques, accablent Bigeard. Son Manuel de contre-guérilla, véritable manuel de torture, justifie et encourage l’utilisation de cette pratique barbare.
Comment peut-on projeter d'ériger une statue au parachutiste Marcel Bigeard, comme c'est le cas à Toul ? Et envisager ainsi de glorifier la pratique de la torture coloniale, dont il est l'un des symboles ? Par Fabrice Riceputi et Alain Ruscio. https://t.co/nwEknoae5S
— Fabrice Riceputi (@campvolant) March 15, 2024
Le refus de Bigeard de reconnaître ses crimes et son arrogance face aux accusations ne font qu’amplifier la douleur et la colère des Algériens.
« Comment pouvons-nous envisager d’ériger une statue du parachutiste Marcel Bigeard, comme le souhaite la municipalité de Toul ? Est-il concevable de glorifier la pratique de la torture coloniale dont il est l’un des symboles ? »
L’association Union Algérienne menace de saisir la justice pour « apologie de crime de guerre »
C’est ainsi que s’interrogent les historiens français Fabrice Riceputi et Alain Ruscio dans une longue pétition cosignée par les deux hommes et publiée samedi (16 mars) sur le site « Histoire coloniale » (lancé en 2017 par des chercheurs et des enseignants en histoire en France). La pétition est adressée au public français.
Les historiens annoncent que l’Association française d’histoire coloniale a l’intention de faire pression sur la municipalité de Toul, d’où est originaire Bigeard (décédé en 2010), pour l’empêcher d’ériger la statue.
La pétition souligne que « l’acte que la municipalité de Toul s’apprête à accomplir intervient au moment où les municipalités de Paris et de Marseille ont retiré les plaques commémorant le maréchal Bugeaud, bourreau du peuple algérien pendant la conquête coloniale ».
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Alors que la France s’engage timidement à reconnaître son passé colonial, glorifier un tortionnaire comme Bigeard est une insulte à la mémoire des victimes algériennes et un obstacle à la réconciliation entre les deux pays.
De son côté, l’association Unions Algérienne compte saisir la justice pour « apologie de crime de guerre » si la statue de Marcel Bigeard est érigée à Toul.
🔴 Communiqué – Union Algérienne s'oppose fermement à l'élévation d'une statue de Marcel Bigeard à Toul.
Ce n’est pas un hasard si le nom de Bigeard est accolé à l’une des pires formes de torture qui soit : la « Crevette Bigeard », commise lors de la bataille d'Alger 🇩🇿.
Cette… pic.twitter.com/EpRUa4gv26
— Union Algérienne ☪︎ (@UnionAlgerienne) March 17, 2024