Mathieu Valbuena s’est présenté lundi en conférence de presse à Ribeirao Preto pour confier le plaisir qu’il prend actuellement en équipe de France, mais également revenir sur son parcours.
Mathieu, vous faites un gros début de Coupe du monde, vous sentez-vous comme le meneur de jeu de cette équipe ?
Ca fait pas maintenant mal de temps que je suis assez régulier en sélection. J’essaie de faire jouer mes partenaires, d’amener le plus possible à l’équipe. A droite dans notre 4-3-3, c’est un rôle que je connais assez bien, ça me permet de repiquer dans l’axe et d’avoir de la liberté. Après, on est tous une pièce importante de l’équipe, je suis fier d’en faire partie, et si l’équipe de France est là, c’est aussi en raison de l’état d’esprit qui règne depuis un moment. Même les remplaçants sont fiers, ils sont contents quand on marque.
Vous avez traversé des périodes difficiles en équipe de France, vous sentez-vous aujourd’hui comme un joueur indéboulonnable ?
C’est vrai qu’auparavant, ça a été compliqué. Je ne vais pas revenir sur 2010, et en 2012, je n’avais pas joué une minute, cela avait été très difficile à accepter. Mais c’est du passé et aujourd’hui, je prends beaucoup de plaisir, comme tout le monde d’ailleurs, nos supporters et les Français, j’espère que ça va continuer.
Avez-vous l’impression aujourd’hui d’être reconnu à votre juste valeur ?
Ce n’est pas moi de juger tout ça. Je fais mes performances du mieux possible, après, c’est vous qui montez la sauce ou pas. Aujourd’hui, je suis dans un collectif qui marche bien, l’essentiel, c’est que l’équipe de France fasse une grande Coupe du monde. Ce qui se dit sur chacun ne me regarde pas.
Reste qu’avant la Coupe du monde, les débats ont tourné autour de Griezmann et Giroud, pas de vous, preuve qu’on vous considère comme un titulaire indiscutable. Cela vous a-t-il libéré ?
Non, parce que même si on avait mis en cause mon statut, ça ne m’aurait pas dérangé. J’ai eu l’habitude dans ma carrière et ça sera tout le temps comme ça. Aujourd’hui, ça s’est calmé mais ce n’est pas pour autant que je vais me relâcher, bien au contraire, je vais donner encore plus, parce que je sais que rien n’est acquis, dans la vie et foot, encore plus dans le foot. Et je sais ce que c’est que de se relâcher, je l’ai payé cash.
Quelles sont selon vous les raisons qui font que vous ayez toujours eu besoin de prouver plus que les autres ? Votre parcours, votre jeu, votre gabarit ?
On ne peut pas faire l’unanimité. Je n’en veux à personne, mais je sais ce que je veux faire. Je pense que mon gabarit m’a desservi à un moment donné, quand un joueur n’est pas bon, avec moi, on le remarque très vite. Mais je continue mon bonhomme de chemin avec beaucoup d’humilité et de détermination. On ne m’a jamais fait de cadeau, je n’ai jamais rien eu dans facilité, mais je le sais et c’est ce qui fait ma force, et c’est pour ça que je ne me relâcherai plus.
« Ma blessure, un mal pour un bien »
Vous avez été blessé à l’épaule l’hiver dernier, le fait de couper vous a-t-il finalement fait du bien pour cette Coupe du monde ?
C’est vrai que j’ai été blessé en décembre, j’ai repris fin janvier, j’avais dit à l’époque que c’était peut-être un mal pour un bien, que j’allais retrouver ma forme. Après, ça a été compliqué avec Marseille pendant quatre mois, même si je n’ai pas été mauvais comme certains l’ont dit, mais le fait d’entamer une mini-préparation avec la sélection m’a permis d’avoir du jus et de me sentir bien.
Vous êtes aussi décisif sur les coups de pied arrêtés, avez-vous changé des choses dans la manière de les tirer ?
Avant les matches, joueurs me demandent de la mettre au premier ou au deuxième poteau, je sais quels joueurs font telle ou telle course. Par exemple avant la Suisse, Olive (Giroud) m’a dit: « Mets-la moi sur telle zone ». Après, il y a aussi de la réussite, mais c’est un beau clin d’œil car il a marqué. C’est vrai que les coups de pied arrêtés sont très importants, et aujourd’hui, on a des joueurs de très bonne qualité de la tête. C’est un bel avantage pour l’équipe de France.
Vous avez joué le premier match avec Griezmann, le deuxième avec Giroud, comment cela se passe-t-il ?
Ce sont deux profils totalement différents. Antoine amène sa qualité de passe, son déplacement, son intelligence de jeu, ça s’est super bien passé sur le premier match ; Olivier, quand il est en pointe, est un point d’ancrage et il a un super bon jeu de tête, on l’a vu contre la Suisse. L’équipe est performante avec ces deux joueurs, ça prouve que tout le monde est concerné. L’équipe de France, ce n’est pas que 11 joueurs, mais 23 qui tirent dans le même sens, c’est sa grande force.
Ce 4-3-3 est-il le schéma idéal ?
Oui, ce système fonctionne vraiment très bien, il y a un équilibre. Aujourd’hui, les premiers défenseurs, ce sont les attaquants, on essaie de se replacer, de défendre pour soulager les milieux et les défenseurs, ce ne sont pas nos qualités premières, mais on le fait. Et offensivement, on a beaucoup de liberté, le coach nous en donne l’opportunité, on essaie de mettre du mouvement et de la vitesse.
« Avec Deschamps, le début a été compliqué »
Pour l’instant, tout va bien, mais craignez-vous le moment où cette équipe de France va se retrouver en difficulté ?
Il y aura bien un moment et on sera là pour nous le rappeler… Je m’attends à tout, mais on ne se met pas ça en tête, notre objectif, c’est d’être performants et décisifs, peut-être qu’on aura un coup de mou, mais le plus tard sera le mieux. Forcément, la victoire donne le sourire, mais c’est vrai qu’on verra qui on est vraiment quand on se retrouvera en difficulté.
Pouvez-vous nous parler de votre relation avec Didier Deschamps, avec lequel tout n’a pas été très facile ?
C’est vrai qu’à Marseille, le début a été compliqué. Je n’étais pas dans ses petits papiers, mais à force de travail, j’ai su jouer et gagner des titres avec lui pour après le retrouver en équipe de France. Ca ne s’est pas bien passé au début, mais c’est un beau clin d’œil que ça se passe très bien aujourd’hui.
Pourquoi cela marche-t-il aujourd’hui avec lui, mieux qu’avec ses prédécesseurs ?
Didier Deschamps a su mobiliser un groupe. Quand tu as 23 joueurs, il y en a qui sont heureux de jouer, d’autres qui jouent moins, il arrive à concerner tout le monde et à tirer profit de chaque joueur, c’est super important. Il nous inculque aussi cette culture de la gagne, l’envie de mordre l’adversaire, on met beaucoup d’agressivité. Mais le jour où on se relâchera, on le paiera cash.
N’y a-t-il pas matière à s’emballer ? L’équipe de France a-t-elle changé de statut ?
Le coach a beaucoup d’expérience et de vécu, il était très heureux après le match contre la Suisse, mais il ne veut pas qu’on s’enflamme. Après, est-ce qu’on est devenus favoris ? Dans le foot ça va vite. Il y a cinq-six mois, il n’y avait pas un grand enthousiasme autour de l’équipe de France. Aujourd’hui, avec les résultats, c’est le contraire, on sent ce grand soutien, de la part des supporters qui sont venus au Brésil ou ceux qui sont en France, mais on est dans notre bulle et on sait que la route est encore longue.
Pour finir sur votre avenir, cette Coupe du monde arrive-t-elle au meilleur moment, sachant qu’on parle de vous notamment à la Fiorentina ?
Je ne fais pas la Coupe du monde pour trouver un club, je la joue pour mon pays. Mon avenir est incertain, mais on verra après.