De part la sensible situation géographique de la wilaya de Tlemcen, le ministre de l’Intérieur a écouté des représentants de la société civile qui lui demandent de régulariser des Algériens qui n’ont jamais eu d’acte de naissance.
«Ils nous disent qu’ils ne sont ni Algériens ni Marocains, ils sont ballotés entre les deux pays, » affirment les intervenants. D’autres affirment que «la majorité des jeunes qui habitent sur la bande frontalière sont en prison parce que les autorités essaient de régler la question de la contrebande par la justice, ce qui est un mauvais moyen de lutte contre ce fléau, parce que ces jeunes, s’ils commettent des petits délits, au début, en faisant passer des carburants par exemple, ils deviennent, par la force des choses, des criminels trafiquants de cocaïne, on ne règle pas un problème aussi sensible par la prison, M. le ministre ».
L’intervenant réclame à l’Etat «la mise en œuvre d’une plate-forme économique pour mettre en place une base industrielle pour les besoins du développement de l’Agriculture, parce que, a-t-il dit « il y a des gens honnêtes qui habitent aux frontières, il faut les aider en leur donnant de l’emploi, faites confiance à cette jeunesse, construisez-lui les frontières et créez-lui de l’emploi pour qu’elle puisse elle-même les protéger ».
Des habitants de Maghnia nous ont fait savoir que « l’insertion des jeunes dans les programmes de développement local, comme visé par l’Etat, ne peut être possible parce qu’un grand nombre de jeunes ont fait de la prison pour contrebande et trafic de drogues, et doivent attendre 3 ans, pour certains, et 5 ans, pour d’autres, pour pouvoir avoir un casier judiciaire propre et prétendre à un emploi ou même à un passeport, toutes les institutions refusent de les aider ou de les employer parce qu’ils ont un casier qui ne leur permet pas d’être réhabilités, dés leur sortie de prison». Ils affirment même que ceux d’entre ces personnes qui introduisent des demandes de réhabilitation auprès des tribunaux, ne reçoivent, en général, pas de réponse.
Ils affirment que « toutes les familles qui habitent la bande frontalière sont concernées en ayant un, ou parfois deux et même trois fils en prison, ou repris de justice, c’est un véritable drame que de laisser ces enfants végéter après leur sortie de prison, l’attente de leur réhabilitation est trop longue, ils retombent, systématiquement, dans le délit et le crime parce qu’ils n’ont aucune prise en charge ».
L’on apprend même que « ceux qui n’arrivent pas à avoir leur passeport, passent de l’autre côté de la frontière et réussissent à le décrocher auprès des autorités marocaines ». Nos interlocuteurs veulent « lancer un appel pressant aux responsables algériens, pour se pencher sur ces questions épineuses».
Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales ne cache pas ses inquiétudes, devant la société civile en reconnaissant que « nos frontières sont en danger, de part le grave état des situations sécuritaires qui entourent notre pays».