Création d’un Observatoire algérien de la migration internationale
Les pays maghrébins font de plus en face au phénomène de la fuite des cerveaux. Le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement affirme que 54% des migrants africains en Europe sont originaires du Maghreb. Le nombre d’étudiants maghrébins à l’étranger a lui aussi, connu une tendance à la hausse, avec près de 100. 000 étudiants en mobilité internationale en 2013. Le Maroc domine l’ensemble de la région, explique le Cread, avec un 46% d’étudiants à l’étranger, suivi de l’Algérie avec un taux de 23%, puis la Tunisie qui enregistre 20%. Est également constatée une forte hausse de migrants maghrébins de niveau supérieur. Chiffres à l’appui, les chercheurs du Cread ont fait savoir que, pour cette catégorie, le taux moyen est passé de 9.2% en 1990 à 22.3% en 2010. Même sur le marché du travail, les migrants maghrébins de niveau supérieurs ont connu une assez forte croissance, notamment dans les pays de l’OCDE, avec un taux de 57% entre 2000 et 2010. Dans le même registre, le Cread a mis en relief le fait que l’Algérie dispose d’une richesse inestimable avec pas moins de 539 inventeurs qui vivent dans 23 pays différents et comptent à leur actif pas moins de 3036 inventions. Les inventeurs établis à l’étranger, enchaîne le Cread, enregistrent une moyenne de 6 brevets d’invention par an. Sur le volet de la régulation de la formation à l’étranger, il est indiqué que «la gestion de l’émigration des cerveaux ne se limite pas à la mobilisation et à la participation des compétences installées à l’étranger».
Création d’un Observatoire algérien de la migration internationale
L’Etat algérien qui a opté pour la formation à l’étranger a constaté au fil des années que nombre d’étudiants ne reviennent pas au pays, pénalisant ainsi l’université et l’économie des compétences formées en devises. Devant une telle situation, poursuit le Cread, «le gouvernement a réagi en mettant en place un nouveau dispositif pour maîtriser les envois à l’étranger et pour encourager les universitaires établis à l’étranger à participer à la formation et à la recherche». Trois mesures ont été prises. Le Centre évoque l’introduction de nouvelles formes de séjour pour les formations des enseignants à l’étranger, la promulgation d’un décret sur le statut professeur pour organiser l’intervention des universitaires établis à l’étranger, ainsi que l’amélioration de la rémunération des enseignants algériens.
D’autres objectifs sont fixés. Il est entre autres question de la création d’un Observatoire algérien de la migration internationale, du lancement d’enquêtes sur la situation des Algériens à l’étranger, le recensement des ressortissants et l’élaboration d’un fichier des compétences scientifiques.
Par ailleurs le Cread relève l’implication du patronat qui n’est pas resté insensible à la question des compétences algériennes à l’Etranger comme en témoigne son intérêt pour le recrutement des cadres algériens établis à l’étranger. Des entreprises ont mobilisé une bonne partie des compétences algériennes.
Développer la mise en place du visa scientifique
Mohamed Charef, Professeur à l’université d’Agadir, collaborateur au livre collectif du Cread consacré à la fuite de cerveaux, note, d’abord, que les actions et les effets de migrations, malgré leur importance quantitative et qualitative, «échappent bien souvent aux régions à forte émigration, au profit d’autres régions plus dynamiques et mieux équipées». Corollaire immédiat : «renforcement du déséquilibre interrégional et de la propension à émigrer». Il s’agira, selon le Pr Charef, de penser à développer «la mise en place du visa scientifique, tendant à favoriser et faciliter la mobilité des étudiants et des chercheurs en leurs simplifiant les démarches administratives».
Il sera également question de «promouvoir finalement le dialogue social et sensibiliser toutes les parties prenantes sur la question de la migration dans la région, en développant l’idée centrale que la migration est l’un des facteurs majeurs de toute intégration régionale et de développement».
La mesure à prendre est de mettre en place des «programmes de coopération favorisant les transferts des compétences et de l’expertise que les migrants acquièrent durant leur séjour à l’étranger.»
Fouad Irnatene