14 milliards de dinars, soit 140 millions d’euros, ont quitté illicitement l’Algérie en 2015. C’est ce qu’a déclaré Brahim Saâda, le sous-directeur des contentieux des recouvrements à la Direction Générale des Douanes (DGD) lors d’un point de presse portant sur le bilan du premier semestre 2016. Les opérateurs économiques indélicats encourent 68 milliards de dinars de pénalités.
Au cours de son point de presse, Brahim Saada a souligné quece transfert illicite de devises a connu une hausse de 134% par rapport à 2014 et concerne des dossiers liés aux mêmes infractions détectées par le contrôle à posteriori des douanes, précise le responsable. Il s’agit principalement des infractions de change. La plupart de ces infractions portent sur des majorations de facturation et sur le non-rapatriement des devises, rapporte Saâda.
Ainsi, plus de 724 dossiers liés à l’infraction de change ont été transmis à la justice par la DGD, en 18 mois, dont 500 dossiers durant l’année 2015 et 224 autres durant le 1er semestre de l’année en cours, pour un montant de 19,512 milliards de dinars de pénalités.
S’agissant du contrôle effectué a priori par les services douaniers, c’est-à-dire lors des opérations de dédouanement, la DGD a détecté près de 26 000 infractions en 2015, ce qui équivaut à une perte de 184 milliards de dinars. Sur les autres infractions enregistrées, 19 000 ont été liées à la fraude commerciale, et plus de 6000 à la contrebande (en hausse de 17% par rapport à 2014).
Pour faire face à cette fuite de capitaux qui gangrène le pays, le ministère du Commerce, la DGD et la Direction générale des impôts (DGI) ont signé en 2015 deux accords de coopération dans le cadre de la coordination intersectorielle pour la lutte contre la fraude. Cette démarche n’a pas encore porté ses fruits au regard des plaintes croissantes qui s’observent.
Les chiffres semblent moins que ceux révélés officiellement pour 2013/2014. Cette année-là, l’agence officielle rapportait, en février 2015, que 400 millions d’euros ont été illégalement transférés de l’Algérie vers l’étranger. L’auteur du larcin ? Une banque privée à capitaux étrangers activant dans le pays mais dont le nom n’a pas été révélée. Surfacturations, importations fictives, sociétés inexistes, le modus operandi a un seul objectif : saigner le pays et faire fuire à l’étranger le maximum de devises pour ensuite les blanchir sous d’autres cieux. Ali Benflis dans une déclaration a carrément évoqué 20 milliards de dollars de fraudes dans le commerce extérieur. Un chiffre qui donne le vertige en ces temps de vaches maigres.
Pour rappel, l’Algérie figurait dans le top 50 des pays les plus affectés par la fuite des capitaux, dans le rapport publié le 12 décembre 2013 par l’ONG américaine Global Financial Integrity (GFI).