Fusillade de Washington : ce que l’on sait du tireur

Fusillade de Washington : ce que l’on sait du tireur

Aaron Alexis, 34 ans, a tué 12 personnes lundi. Il dissimulait des « tendances agressives » derrière une pratique de la méditation bouddhiste.

Aaron Alexis a été identifié comme le seul tireur dans la tragédie qui a frappé lundi 16 septembre un bâtiment de la Marine à Washington. Il a été abattu par la police après avoir déclenché la fusillade. Son portrait, brossé par des proches et ex-collègues, révèle une personnalité complexe. Alexis avait été arrêté plusieurs fois pour des faits de violence, mais il était aussi vu comme serviable et sociable.

Son identité

Né à New York, Aaron Alexis, un afro-américain de 34 ans, habitait à Fort Worth, au Texas.

D’après sa tante, Helen Weekes, qui ne l’avait pas vu « depuis des années », Alexis a grandi dans le quartier de Brooklyn avec ses parents, Cathleen and Anthony Alexis.

Le « New York Times » rapporte que le beau-frère d’Alexis, Anthony Little, a declaré que ce dernier n’avait pas parlé à sa soeur (la femme d’Anthony Little), Naomi Alexis, depuis cinq ans. « On n’a rien vu venir, on ne savait rien », conclut-il, choqué.

Son parcours

Aaron Alexis était un ancien réserviste de la Marine, où il a servi de 2007 à 2011, parvenant au grade d’électricien d’aviation de troisième classe, en décembre 2009.

Il a reçu la médaille « Global war » du service du Terrorisme, et la médaille de la Défense nationale, des recompenses jugées mineures.

Mais durant cette époque, il a été à l’origine, de source anonyme, d’une « série d’incidents liés à son comportement » en janvier 2011, ce qui correspond à la fin de son service.

Si les circonstances de son départ de la Navy sont encore floues, d’après des connaissances du tueur citées par le « Star telegram », ce dernier est parti car il n’était pas un lève-tôt et se plaignait d’être sous-payé.

Aaron Alexis est ensuite, et malgré les remontrances, devenu contractuel à la Navy, ce qui signifie qu’il lui a été délivré une carte lui permettant d’accéder à des zones militaires, rapporte Thomas Hoshko, chef des Experts, avant d’assurer que personne n’aurait pu empêcher un tel drame. « Peut-être a-t-il craqué, je ne sais pas », conclut-il.

Néanmoins, Alexis aurait pénétré dans le bâtiment 197 de la Marine lundi grâce au badge d’un collègue, dont on ne sait si ce dernier était complice.

Il y a environ un mois, Alexis s’est rendu à Washington, où Hewlett-Packard l’a recruté, ont déclaré certains de ses amis, ce qui a été confirmé par l’entreprise : il travaillait comme informaticien pour un sous-traitant chargé de mettre à jour l’intranet de l’US Navy et des Marines.

Ce mois-ci, il devait commencer à travailler pour l’arsenal maritime à Washington.

Son mobile

Le fait d’avoir pris pour cible un bâtiment de la Marine à Washington a sans doute un lien avec son parcours, mais ses motivations restent inconnues.

« Il n’y a aucune raison de penser à ce stade » qu’il s’agisse d’un acte terroriste, a également affirmé le maire de Washington, Vincent Gray, sans toutefois écarter d’office cette piste.

La police fédérale américaine a lancé un appel au public pour obtenir des renseignements. « Nous cherchons à savoir tout ce qui est possible sur ses récents mouvements, ses contacts et ses connaissances », a dit Valerie Parlave, une responsable du FBI chargée de l’enquête.

Sa personnalité

Le portrait brossé par ses connaissances révèle un homme complexe, tiraillé entre accès de violence et… méditation.

Selon les informations du « Washington Post », l’homme qui a tué 12 personnes et qui en a blessé 8 autres vivait à proximité d’un temple bouddhiste, se joignant parfois aux pratiquants.

Ses proches le décrivent comme « un type intelligent et doux », client régulier du restaurant thaï où il a officié comme serveur. Oui Suthamtewakul, le propriétaire du restaurant, logeait Alexis gratuitement contre un travail bénévole.

Il décrit son locataire et ami comme « un ado de 13 ans dans le corps d’un homme de 34 ans » ajoutant que le tireur « avait besoin d’attention ». Il le voyait aussi « serviable et bavard, aimant regarder les émissions culinaires à la télévision ».

Alexis avait toutefois tiré une balle dans le mur de sa chambre à l’été 2012 avant de s’excuser et d’évoquer « un accident » devant l’inquiétude de son logeur.

Il buvait beaucoup, pouvant commencer à 9h30 du matin, « pour s’amuser ».

Le tireur apprenait la langue thaï, dont il comprenait « environ 75% » des termes, selon J. Sirun, un assistant moine, et il s’était fait de nombreux amis thaïs.

Mais d’autres sons de cloche évoquent des « tendances agressives » qui les conduisaient à garder leurs distances et éviter les questions personnelles.

Un ouvrier du temple l’imaginait comme quelqu’un pouvant mettre fin à ses jours.

Ses arrestations

Alexis est d’abord arrêté en mai 2004, à Seattle, où il vit alors avec sa grand-mère. Il vient de tirer trois coups dans les pneus d’une Honda Accord de deux ouvriers en bâtiment, garés près de chez lui.

En guise d’explication, le père d’Alexis dit aux enquêteurs que son fils est confronté à « des problèmes de gestion de sa colère » à la suite d’un stress post traumatique.

Alexis aurait été très actif dans les sauvetages lors du drame du 11 septembre. Selon l’intéressé, les ouvriers s’étaient moqués de lui.

Il n’est pas poursuivi car le rapport n’est jamais arrivé dans le bureau du procureur de Seattle. Alexis assure pour sa part qu’il est victime d’un « black out » et qu’il n’a aucun souvenir de l’incident.

Quatre ans plus tard, Alexis est arrêté pour mauvaise conduite dans l’Etat de Géorgie. Il passe deux nuits en prison, sans autre détail.

En septembre 2010, il tire à travers le plafond de sa voisine, après lui avoir reproché de faire trop de bruit, quelque temps auparavant.

Il n’est pas poursuivi, déclarant que le coup est parti alors qu’il nettoyait son revolver. Selon une source anonyme, ce dernier incident aurait joué un rôle dans son départ de la Navy.

Plus récemment

Alexis voyait régulièrement une jeune femme thaï. Il préparait également, à distance, un diplôme d’ingénieur dans l’aéronautique, en lien avec une université de Floride.

Il avait loué une petite maison à Fort Worth où il n’avait pas mis les pieds depuis six à huit mois, témoigne, incrédule, son logeur, Somsak Srisan, dans le « Star telegram », avant d’ajouter : « Il était toujours très poli ».

Lorsque ce dernier lui a demandé pourquoi il avait quitté la Navy, Alexis lui aurait répondu : « quelqu’un ne m’aimait pas ».