Par R. C.
Le prochain rendez-vous que nous donne la galerie d’art Espaco à Oued Tarfa est un événement organisé par le plasticien algérien Denis Martinez en hommage au maître gnawi Maâlem Bahaz.
Le 6 avril prochain, s’ouvrira à la galerie Espaco d’El Achour une exposition de l’artiste Denis Martinez intitulée «Bahaz khouya, histoire d’une complicité». L’événement se déclinera en trois parties : une projection d’un documentaire de Dominique Devigne sur la vie et l’œuvre du maître gnawi, une conférence de Denis Martinez sur l’artiste et une performance du même plasticien intitulée «Quand un Gnawi rencontre Ayred» et consistant en une lecture de texte accompagnée par deux joueurs de gumbri et un jeu scénique carnavalesque d’origine berbère avec la participation de Maâlem Bahaz à la percussion.
Commissaire de l’exposition, l’artiste Djaoudet Guessouma décrit ainsi le projet : «Il s’agit de l’histoire d’une saga familiale qui vient de très loin, avec en filigrane les stigmates dans les paroles, les onomatopées et les complaintes qu’ils ont ramenées de ce lointain Soudan mythique par sa dramaturgie lancinante, l’esclavage, la présence immémoriale gnawie, toute cette imagerie affriolante, perturbante qui nous jette tranquillement à la face nos incohérences préjugées et notre assurance, dans un tourbillon organisé de couleurs, de sons cliquetants et de paroles divines, profanes, animistes, spirituelles…
Denis Martinez s’expose par ses travaux qui ont sublimé cette passion très fraternelle issue d’une rencontre qui aurait pu se faire à Harlem ou dans l’Alabama. Denis Martinez en a extirpé l’essence vitale pour la redessiner sur des travaux flamboyants, d’excellente facture, juste pour un hommage rendu, l’histoire d’une rencontre à la dimension humaine, parlée, dessinée, graphique, polychrome, comme savent l’être les belles amitiés, le partage et le regard porté dans la même direction.
Le plasticien, parti à la rencontre de son alter ego musicien, patron un peu bluesy d’une fratrie et d’une flopée d’enfants brillants héritiers de son art, raconte cette histoire dans une belle démarche artistique farouchement contemporaine qui balance son inspiration dans la tonitruance des sonorités anciennes et des couleurs ancestrales.»
Maâlem Bahaz est, pour rappel, une figure incontournable du gnawi algérien. Né en 1942 à Blida où il incarne la «mémoire vivante des nombreuses zaouïas gnawas perdues, il a eu mille et une vies : il a chanté, dansé, clamé cette culture immense qui a fait de lui cet artiste puissamment ancré dans les racines les plus profondes des Gnawas de Sidi-Bel-Abbès. Il a formé toute une génération de musiciens au chant, à la danse et à la pratique des instruments à la lumière de tout un rituel originel».
R. C.