Depuis le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, les pays de l’Union européenne s’activent à chercher de nouvelles sources d’approvisionnement pour palier au gaz russe. Face à cette situation de crise, le gaz Algérien présente une issue stratégique. Cependant, l’Algérie pourra-t-elle compenser l’absence du gaz russe sur le marché européen ?
Plusieurs pays européens ont placé l’Algérie dans leurs viseurs pour compenser les coupures progressives de gaz russe et éviter le scénario tant redouté d’une crise des hydrocarbures en Europe. Une situation favorable à l’Algérie, qui pourrait devenir, sur le long terme, le hub du gaz de l’Europe.
Dans une déclaration accordée au média français Le Point, un cadre algérien dans le secteur de l’énergie est revenu sur cette question. D’après lui, « l’Union européenne sait que les approvisionnements supplémentaires du Qatar, de l’Azerbaïdjan ou des États-Unis ne répondront pas totalement à la demande pressante en gaz ».
« À nous de nous positionner avec force dans cette équation, tout en nous projetant sur le long terme pour devenir le hub du gaz dans la région », a encore indiqué le même responsable. Laissant entendre que l’Algérie doit se repositionner dans le marché gazier marqué par la pression de la guerre en Ukraine.
« Le gaz européen provient à 11 % de l’Algérie et 40 % de la Russie »
Le média français L’OBS a fait savoir que le gaz européen provient à 11 % de l’Algérie et 40 % de la Russie. Selon la chercheuse en énergie au sein de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), Ines Bouacida, « la solution miracle qui va tout résoudre n’existe pas ». « Remplacer simplement le gaz russe approvisionné en Europe par le gaz algérien n’est pas possible », a-t-elle confié au média L’OBS.
Toutefois, la chercheuse a affirmé qu’ « il y a plusieurs stratégies à adopter en même temps ». D’ailleurs, elle a estimé que « l’Algérie a des marges de manœuvre sur ses capacités d’exportation du gaz ». Révélant que « les pipelines ne sont utilisés qu’à 50 % ». « Mais le problème est d’augmenter la capacité de production de gaz. Cela implique de modifier les structures d’exploitation, et ce n’est a priori pas à l’ordre du jour », a encore expliqué Ines Bouacida.
De plus, la chercheure a aussi évoqué les besoins domestiques forts et la demande interne en gaz qui a considérablement augmenté. Les chiffres avancés par le même média indiquent que la consommation nationale est passée de 21.8 % de la production totale de l’Algérie en 2007 à 43 % de la production en 2019.
Hydrocarbures : l’Algérie négocie de nouveaux contrats avec des partenaires étrangers
Dans ce même sillage, il convient de rappeler que le 19 juillet passé, le Groupe Sonatrach a signé un contrat de près de 4 milliards de dollars avec l’américain Occidental Petroleum, l’italien Eni et le français Total Energies. Ce nouveau contrat porte sur le développement et de l’exploitation du périmètre contractuel de Berkine (Blocs 404 et 208), situé à 300 km au Sud-Est de Hassi Messaoud (Ouargla).
Par ailleurs, et en marge de la conclusion de ce contrat, le Président Directeur général (P-DG) du Groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, avait fait savoir que la compagnie nationale avait entamé « des négociations avec des partenaires étrangers ». Ajoutant que « ces pourparlers devraient aboutir à la signature de trois à quatre nouveaux contrats d’ici la fin de l’année 2022 ».
Rappelons aussi que l’Algérie avait décidé d’augmenter le volume de ses livraisons de gaz vers l’Italie avec quatre (4) milliards de m3 de gaz supplémentaires, que Sonatrach livrera au Groupe ENI et à ses autres partenaires italiens.