Le tribunal militaire de Blida a acquitté, hier samedi, tous les mis en cause dans le procès « du complot » lié à l’affaire de la réunion secrète du 27 mars 2019.
En effet, dans son verdict final, le tribunal militaire de Blida a prononcé l’acquittement pour tous les mis en causes, à savoir Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène, dit Toufik, Athmane Tartag et Louisa Hanoune.
Interrogé par le juge lors de l’audience d’hier, le général de corps d’armée à la retraite Mohamed Mediène dit Toufik, a affirmé qu’il ne s’agit en aucun cas d’un « complot contre l’autorité de l’État ».
« Comment pourrais-je être accusé de complot contre l’autorité de l’État, alors que la rencontre a eu lieu avec le frère et conseiller du Président encore en exercice ? », a-t-il déclaré selon ce qu’a rapporté le quotidien El Watan.
Selon lui, « avec les événements que traversait le pays, Saïd Bouteflika a voulu nous voir pour nous demander notre avis sur la situation. Je me suis dit que c’est une occasion pour dire ce que je pense ».
« La réunion n’était pas secrète »
Le général à la retraite a estimé, toujours dans ses réponses au juge, que la réunion « n’était pas secrète. Elle devait se dérouler dans un endroit officiel. La villa appartient à la Présidence … ».
S’agissant du but de cette réunion, Toufik dira qu’elle a été initiée afin « d’échanger les avis. Saïd Bouteflika incarnait le pouvoir. Il était le frère et le conseiller du Président encore en poste ».
« Il a voulu prendre l’avis d’autres personnes afin d’agir. C’est naturel. Dans de telles situations, on discute avec beaucoup de gens pour trouver la solution », a-t-il encore ajouté.
Lors de cette réunion, tenue le 27 mars 2019, le général de corps d’armée à la retraite souligne qu’ils avaient « parlé de beaucoup de choses. J’ai dit que le gouvernement doit changer et qu’il fallait trouver un nouveau premier ministre doté de larges prérogatives, qu’il soit crédible et accepté par le peuple ».
Interrogé à propos de la participation de la secrétaire générale du parti des travailleurs, Mohamed Mediène affirme que c’était « Saïd Bouteflika qui l’avait invitée » car « c’est une femme politique connue ».
« Quelle différence entre moi et Louisa ? Moi j’étais responsable d’un service de sécurité, et elle était à la tête d’un parti politique très connu », a-t-il encore ajouté, selon ce qu’a rapporté le même journal.
« J’ai dit à Saïd Bouteflika qu’il faut parler avec Gaïd Salah »
Toujours à propos de la même réunion, Toufik ajoute : « Nous étions à Dar El Afia, une résidence qui appartient à l’armée. Moi-même j’ai dit à Saïd Bouteflika qu’il faut parler avec le chef d’état-major, Gaïd Salah. Pour moi, tout cela était normal ».
Et c’est ici que le juge évoque le défunt le chef d’état-major, Gaïd Salah, pour savoir s’il n’était pas visé pour être « écarté et d’instaurer l’état d’urgence ».
Le général à la retraite répond alors : « Nous n’avons jamais parlé de l’état d’urgence ni du limogeage du chef d’état-major de l’Anp. Ce qui m’a amené ici, ce sont des choses dont je ne pourrais parler aujourd’hui, un jour peut-être, mais pas ici ».
Les accusations de Gaïd Salah
Il convient de rappeler que l’ancien chef d’État-Major le défunt général Ahmed Gaïd Salah avait cité nommément le général Toufik, l’accusant d’avoir pris part à des réunions secrètes.
Lors d’un discours prononcé le mardi 16 avril 2019 à Ouargla, Gaïd Salah avait alors déclaré avoir déjà évoqué « les réunions suspectes qui se tiennent dans l’ombre pour conspirer autour des revendications du peuple et afin d’entraver les solutions de l’Armée Nationale Populaire et les propositions de sortie de crise ».
« Toutefois, ces parties, à leur tête l’ex-Chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, ont tenté, en vain, de nier leur présence dans ces réunions, et d’induire en erreur l’opinion publique, et ce, en dépit de l’existence de preuves irréfutables sur ces faits abjects », avait-il encore affirmé.