C’était ce matin à Alger, quelques jours seulement après son plébiscite à la tête du parti « Talaiou El Houriyet » Ali Benflis s’est exprimé ouvertement pour l’intervention de l’armée, avec accord de la classe politique, dans la gestion de la transition démocratique.
Usant de verbe plus mesuré, le chef de file de la nouvelle formation politique, qui a noté la qualité des missions de l’armée algérienne dans la défense des frontières et l’intégrité du territoire, a suggéré une implication en tant que « superviseur » des bonnes pratiques de gestion de la transition démocratique : « L’ANP a très bien joué son rôle déterminé par l’article 25 de la constitution, dans la défense des frontières du pays et la sécurité des citoyens, mais pourrait également intervenir » , avec toutefois la précision : « en cas d’ accord avec les différentes forces politiques du pays » et ce, pour « suivre et assurer l’application de la transition démocratique en Algérie », pour éviter tout « débordement de part et d’autre », a déclaré Benflis.
Benflis qui n’a pas manqué, par ailleurs, de tirer à boulets rouges sur le pouvoir en place affirmant que le pays vit « une vacance du pouvoir à tous les niveaux, de la présidence de la République, APN ou même au niveau local », prend quelque peu ses distances par rapport à la position de l’opposition et implique les partis politiques dans cet état de fait car ces derniers siègent dans toutes les institutions élues. « L’Algérie vit une vacance du pouvoir qu’il est vain de tenter de cacher par des procédés, les uns plus vains et plus dérisoires que les autres ». Les institutions sont illégitimes de la base au sommet du fait du fléau de la fraude qui a aussi pris une dimension systémique », a-t-il rappelé. Selon lui, il existe en Algérie le fameux « trio » qui gouverne. Il s’agit, lance-t-il, de la classe politico-financière qui comporte des politiques et des porteurs d’argent sale et aussi des proches du cercle présidentiel.
Quant aux chefs d’Etats qui ont visité l’Algérie et qui se sont prononcés sur l’état de santé du président de la République et dont le dernier a été François Hollande, Ali Benflis dira que « nous n’attendons pas les étrangers viennent témoigner de la santé du président » et d’ajouter que « le peuple algérien connait la vérité de sa maladie ».
Cap sur la modernisation du système politique
Durant les deux heures qu’aura duré sa conférence de presse, Ali Benflis s’est longuement attardé sur son projet et de son programme politique, affirmant que son parti se distingue par « la modernisation de son système politique selon les normes établies universellement ». Il s’agit de construire, selon Benflis, un modèle économique « homogène et cohérent qui puiserait de son homogénéité et de sa cohérence la performance, la productivité et la compétitivité qui lui sont indispensables » (…) « Je crois intimement que la modernité d’un parti politique se confirme ou s’infirme à trois niveaux essentiels, à savoir le projet politique qu’il propose, sa composante humaine et les instruments de fonctionnement qu’il se donne ».
Ceci, doit s’accompagner, selon Benflis, par l’éthique et la morale politique. « Pour nous, la politique est d’abord une éthique : une éthique de comportement et une éthique de proposition. Une somme de principes et d’engagements que Benflis met en avant pour ne pas répondre à ses détracteurs car, dit-il, « nous aurions aimé leur faire face sur le terrain des idées, des propositions, des solutions et des projets politiques. Mais ils n’ont en pas ».
Noreddine Izouaouen