Les surcoûts et les retards souvent importants des grands projets d’infrastructures occasionnent des pertes énormes au Trésor public.
Le programme de construction de logements en Algérie accuse des retards importants. Même constat pour la construction de nouveaux stades et beaucoup d’autres grands projets d’infrastructures. Selon la nature du projet, plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer les retards, reste que pour l’essentiel, c’est la gestion des projets qui est à chaque fois pointée du doigt. Pour de nombreux acteurs du secteur, les raisons des retards dans la réalisation des grands projets d’investissements qui ont subi des réévaluations de coûts sont notamment les mauvaises études de maturation, qui ont souvent donné lieu à de mauvaises estimations des travaux à effectuer et des quantités des matériaux de construction nécessaires à la réalisation. Selon un entrepreneur local ayant beaucoup fait de la sous-traitance dans de grands projets, le grand mal réside dans les études. La plupart des grands projets d’infrastructure n’ont pas bénéficié d’études bien ficelées.
Dans beaucoup de projets, les études sont bâclées
“Elles sont dans leur majorité bâclées.” Il citera à ce sujet le cas d’une étude qui situait le bon sol à une certaine profondeur, mais quand les travaux ont commencé, le bon sol était plusieurs mètres plus profond. Ce qui a engendré une nouvelle étude, donc des retards et des surcoûts. Normalement, on consacre des années pour les études afin d’aplanir toutes les difficultés susceptibles d’être rencontrées sur le terrain avant de lancer les travaux qui durent moins de temps que celui consacré aux études. Malheureusement, en Algérie, on se lance dans les travaux de réalisation avant de mûrir les études, d’où les difficultés relevées sur le terrain, engendrant des surcoûts et des rallongements de délais. La propension à n’accorder qu’une infime considération pour les études renchérit les coûts qui découlent de la mauvaise gestion des projets. Notre interlocuteur évoquera également la bureaucratie qui caractérise la gestion des projets. Il citera, entre autres blocages, le retard dans l’émission des ordres de service nécessaires pour l’exécution et le paiement des travaux supplémentaires et les interférences souvent bloquantes du maître d’ouvrage. Ces interférences mettent à mal la maîtrise d’œuvre censée aider le maître d’ouvrage à définir, piloter et exploiter le projet réalisé par le maître d’œuvre et faciliter sa gestion en collaboration avec le maître d’œuvre.
L’exemple le plus édifiant est le projet de la grande mosquée d’Alger. Le projet, lancé en 2012, accuse un retard estimé à près d’une année et demie, en raison de plusieurs problèmes liés notamment à un problème de coordination qui s’était posé entre le bureau d’études allemand Engel und Zimmermann, chargé de la conception du projet, et l’entreprise chinoise China State Construction Engineering Corporation LTD (CSCEC).
Concernant la réalisation de logements, la situation n’est pas plus reluisante. Le ministère de l’Habitat avait annoncé la construction de 1,6 million de logements pour le quinquennat 2015-2019.
Une moitié seulement des logements du plan 2010-2014 achevés
Or sur les 2,2 millions de logements programmés dans le plan quinquennal 2010-2014, seule la moitié a été réalisée. Les observateurs du secteur considèrent que le gouvernement a lancé un plan d’une telle ampleur qu’il serait difficile de le respecter, compte tenu de l’état de la main-d’œuvre et du manque de matériaux de construction en Algérie. Les spécialistes évoquent le problème de formation de la main-d’œuvre en Algérie et la prédominance de promoteurs n’ayant pas les moyens de leur politique mais qui acceptent quand même un plan de charge volumineux dépassant leurs capacités.
Il faut ajouter à cela une administration qui ne paye jamais à temps les entreprises du bâtiment, ce qui naturellement retarde les constructions de logements.