Gestion des déchets ménagers : Une filière sous-exploitée

Gestion des déchets ménagers : Une filière sous-exploitée

L’Algérie accuse un retard important en matière de gestion (collecte, transport, élimination) et de valorisation des déchets ménagers et assimilés, avec des  conséquences économiques et sanitaires importantes.

A ce jour le recyclage des déchets est marginal et la production de composts pratiquement inexistante. Selon le ministère des Ressources en Eau et de l’Environnement, il en coùte plusieurs centaines de millions d’euros par an à cause du non recyclage des déchets ménagers et assimilés.

Pourtant le Programme national de gestion intégrée des déchets municipaux (PROGDEM) vise  à réduire la production de déchets et accroitre le taux de recyclage pour atteindre 70% en 2020 contre 5 à 6 % actuellement. A court terme, un objectif ambitieux a été fixé pour améliorer le recyclage matière de 40% à compter de  l’année 2016. Pour ce faire, des dispositifs ont été mis en place dont des subventions, une réforme réglementaire, la conclusion d’accords de partenariat avec les industriels concernés ainsi que le lancement d’actions de sensibilisation à l’endroit du grand public. La réalisation d’une usine de réalisation de traitement thermique des déchets, d’une unité de transformation du plastique et d’une usine de compostage devaient ètre engagées en  2015. Quant à la gestion proprement dite des déchets ménagers solides, elle devait être prise en charge principalement par le secteur public à travers les communes ou dans quelques grandes villes, à travers des entreprises au statut d’Epic qui sont censées assurer la collecte, la mise en décharge ou en centre d’enfouissement ainsi que le nettoiement urbain. Déjà en 2010, le Centre National du Registre du Commerce (CNRC) faisait état de l’existence de plus de 4.000 entreprises actives dans la récupération et le recyclage des déchets (dont 193 créées par des femmes). Néanmoins l’activité de récupération et de recyclage des déchets ménagers et assimilés s’avère majoritairement informelle. Quant à la participation du secteur privé, elle demeure jusqu’à présent très limitée. L’Agence nationale des déchets (AND) et l’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ) avaient pourtant lancé un projet de création de 5.000 micro-entreprises/an devant générer 10.000 emplois verts/an sur la période 2012-2014. Aujourd’hui et hormis quelques frémissements ici et là, il n’en est malheureusement rien.

Vers un nouveau modèle industriel respectueux de l’environnement ?

L’économie algérienne étant jusque-là structurée principalement autour de la rente liée à l’exportation des hydrocarbures, l’importation massive des matières premières grève lourdement la balance commerciale, de surcroit dans un contexte marqué par la diminution des réserves de pétrole, la chute du prix du baril et une concurrence accrue sur les marchés gaziers internationaux. En outre, le pays présente une forte vulnérabilité environnementale, y compris aux changements climatiques.

Pour ce qui est de l’économie formelle, celle-ci est en partie tirée par l’investissement public (programmes importants dans les secteurs du logement, des infrastructures et de la recherche, entre autres…) tandis que la contribution du secteur privé demeure limitée et l’industrie peine à trouver sa place dans une économie encore fortement tournée vers le commerce et l’importation. Or le secteur industriel —en l’occurrence celui hors hydrocarbures— est non seulement le moteur de la transformation de cette économie mais aussi une source de progrès et de développement durable. Face à l’ensemble des ces défis, l’Algérie a vraiment besoin de mettre en place un nouveau modèle industriel plus compétitif, respectueux de l’environnement et à même de générer le plus d’emplois possibles ; et par la même, apte à contribuer effectivement au développement durable. La transition énergétique et la formation de filières vertes s’inscrivent dans cet objectif, toutefois les efforts jusque-là déployés doivent ètre tout au moins consolidés et mieux articulés. Et cela ne pourrait se concevoir que dans le cadre d’un stratégie nationale de promotion de l’économie verte, une grande alternative pour diversifier et stimuler la production nationale de l’Algérie.