Gestion du secteur de l’agriculture: Les agronomes haussent le ton

Gestion du secteur de l’agriculture: Les agronomes haussent le ton

Le président sortant de l’Union nationale des agronomes (UNA) Yahia Zane, dénonce l’exclusion de l’ingénieur agronome dans la prise de décisions dans l’agriculture. Il critique, également, la mauvaise gestion du secteur qu’il qualifie de «purement administrative».

Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Yahia Zane déplore la non-association de l’agronome aux différentes stratégies et politiques du secteur de l’agriculture. Pour lui, «ignorer» ce professionnel relève d’un manque de considération. «Nous ne voulons pas faire de politique. Nous voulons juste appliquer la technique et s’impliquer dans l’économie nationale», a-t-il souligné, hier, en marge du 4e Congrès national des agronomes, tenu à Alger-Centre.

Pourtant, poursuit-il, «tout processus de l’économie agricole et toute politique et stratégie dans ce domaine reposent sur l’ingénieur agronome. Il a le savoir-faire, l’ingénierie et tous les outils nécessaires». Il assure que l’agronome ne pourra jamais cautionner une mauvaise vision, une mauvaise décision ou une mauvaise stratégie.

Visant à redonner à l’ingénieur agronome la place qu’il mérite et à organiser, par là même, cette profession, l’Union nationale des agronomes (UNA) a appelé à la création d’un Ordre des ingénieurs agronomes.

Le président sortant de l’UNA estime que la maîtrise de la sécurité alimentaire nécessite de se retourner vers cet ingénieur formé.

Dans la même optique, il annonce la prochaine création d’un Observatoire national pour réfléchir sur les questions d’alimentation. «Il va être introduit dans le statut de l’UNA», dit-il.

Yahia Zane déplore également la mauvaise gestion du secteur de l’agriculture et ce, malgré les nombreux efforts consentis par l’Algérie. «Aujourd’hui, l’agriculture est gérée de façon administrative», regrette-t-il.

Il estime ainsi que la loi de l’orientation compte beaucoup de lacunes et nécessite donc une révision. Idem pour la loi foncière.

«En 2008, on a institué la concession agricole, seulement on n’a pas réglé le problème du foncier agricole. On a juste déplacé les gens du droit de jouissance vers la concession ce qui a créé beaucoup de problèmes de contentieux devant les tribunaux», fait-il remarquer.

Pour lui, le foncier agricole «s’est fait piéger». Il considère qu’il n’est plus un vecteur d’investissement mais plutôt un «blocage». «Aujourd’hui, on utilise à outrance nos terres agricoles dans les zones industrielles, le bâtiment, et les travaux publics. Malgré la ligne rouge tracée par le Président de la République, l’administration continue à saccager les terrains agricoles», ajoute-t-il.

Il rappelle ainsi l’exemple de la Mitidja. «Ces terres ont été détruites pour ensuite aller au Sud alors que l’investissement d’un dinar au Nord est l’équivalent de mille dinars au Sud !», dit-il.

S’agissant des contrats de performance, il les qualifie de «pur mensonge». «On n’établit pas des contrats de performance avec la DSA (Direction des services agricoles). Ce type de contrats se fait avec des entrepreneurs agricoles ou avec de grandes exploitations agricoles.»

Ry. N.