Ghardaïa vit un été particulièrement chaud semblable aux précédents. En ce début du mois de juillet caniculaire, la ville étouffe sous une chaleur torride. Huit heures passées d’une grappe de minutes, les rues se vident des citoyens.
Le mercure atteint parfois les 50 degrés. Cependant, les habitants de cette région désertique font du mieux qu’ils peuvent en vue de bien passer la saison estivale. Zoom sur la vallée du M’zab.
A Ghardaïa, la solidarité se manifeste sous plusieurs formes. La plus importante est sans conteste l’organisation de mariages collectifs, devenue ces dix dernières années une tradition bien établie. En effet, trois associations organisent, depuis plus de vingt ans, des mariages collectifs au profit des personnes issues de familles démunies. Les habitants de cette région se sont inspirés d’un mariage collectif organisé en Indonésie, il y a de cela vingt ans, lors duquel cinq mille couples se sont mariés.
Et depuis, il ne se passe pas d’année sans qu’un mariage collectif ne soit organisé en faveur des personnes issues de familles nécessiteuses. Tout le monde s’accorde à dire que ce mode de mariage est bénéfique à plus d’un titre, en plus qu’il permet de réduire les frais, et cette coutume procure du bonheur. Technicien supérieur en sport, Brik Lakhdar est membre d’une association qui organise les mariages collectifs. Il garde intact le souvenir du premier mariage du gure, organisé en 1989. Fier des services rendus à ses concitoyens, il dira que depuis cette année-là, «Nous avons organisé quelque 14 mariages au bénéfice de 178 couples».
Il précise qu’avant que cette initiative ne soit érigée en tradition, les familles aisées n’acceptaient pas que le mariage de leurs progénitures se fasse ainsi. En effet, celles-ci estiment que ce mode de mariage sied uniquement aux familles nécessiteuses, parce qu’il leur épargne de délier les bourses.
Désormais, les ménages riches en premier, font recours aux mariages collectifs, l’idée ayant prouvé son efficacité sur le terrain. Dans ce cadre, ce technicien supérieur en sport souligne qu’au départ, les mariages collectifs étaient réservés exclusivement aux orphelins et les personnes nécessiteuses, mais petit à petit, les familles aisées ont compris le vrai sens de notre démarche et s’y sont inscrits».
Le jour de la célébration du mariage, chacun s’acquitte scrupuleusement de sa tâche pour réussir une bonne organisation, pour la simple raison que plus de deux mille personnes assistent au mariage. Pour la restauration des convives, quatre familles sont chargées de la cuisine, alors que jadis cette mission revenait aux cuisiniers professionnels. Chacune d’elles prend en charge la restauration des personnes invitées.
Lakhdar Brik se souvient qu’en 1998, l’association dont il fait partie a servi plus de deux mille personnes en quarante-sept minutes. En raison de la chaleur caniculaire qui caractérise cette région désertique, les associations en question organisent le plus souvent ces mariages en septembre et en mars de chaque année. C’est dire la bonne organisation et le sérieux dont font preuve les membre des associations organisatrices des mariages en question.
A l’issue de chaque mariage, souligne-t-on, des présents sont offerts aux couples. D’habitude, l’on fait dons aux couples d’un téléviseur, d’un réfrigérateur et, parfois, d’argent. En ce qui concerne les frais, il est exigé du couple cinq mille à dix mille dinars. Une somme symbolique, si l’on sait qu’en moyenne ceux d’un seul mariage valent plus de trois cent mille dinars. Même les autorités locales, convient-il de rappeler, mettent leur grain de sel en vue de perpétuer cette coutume.
Par ailleurs, en plus des mariages en question, les trois associations organisent le couffin de ramadhan, les circoncisions collectives et le trousseau scolaire pour les familles démunies, en plus des campagnes de sensibilisation contre les fléaux sociaux.
A vrai dire, les actions de bienfaisance sont autant nombreuses que diverses. Les associations suscitées organisent également des tournois de foot, dont les bénéfices sont versés aux nécessiteux. Grâce à leur travail, des malades ont pu être transférés à l’étranger pour des soins.
Djamel Oukali.