GHARDAIA – La zone humide de Kef El-Doukhène, en aval de l’oued M’Zab, résultante de l’effluent du projet de la station de lagunage des eaux usées (STEP) de la vallée du M’zab (regroupe 4 communes) est devenue la première réserve de la biosphère artificielle dans le sud algérien, selon les responsables de la conservation des forêts de la wilaya de Ghardaïa.
Cette zone aquatique lagunaire d’une superficie de plus de 60 hectares est devenue un refuge et un réservoir d’une diversité biologique et écologique importante, particulièrement une population avifaune de différentes espèces et rarissime, de reptiles, d’amphibiens et d’invertébrés, ainsi qu’une flore atypique variée, a indiqué le conservateur des forêts, Mohamed Abbès.
Cette zone humide artificielle, relativement riche en espèces endémiques, rares ou menacées, constitue un lieu d’escale, d’hivernage et de reproduction de milliers d’oiseaux migrateurs, dont certains sont parmi les plus rares et menacés tels que la Sarcelle marbrée, le Tadorne Casarca, la Cigogne blanche, le Canard souchet et le Canard siffleur, a-t-il précisé.
Selon le comptage hivernal effectué à la faveur du traditionnel recensement international des oiseaux migrateurs par le Réseau national des observateurs ornithologues algérien (R.N.O.O.A) de la région Sud-Est II, quelque 3.158 oiseaux migrateurs représentant 19 espèces ont été observés dans la zone de Kef El-Doukhène, a expliqué le chef du bureau de la protection de la flore et de la faune, Abdelwahab Cheddad.
Ce site aquatique abrite une faune et une flore aussi importante l’une que l’autre et manifestement en perpétuels changements saisonniers. Elle est une zone d’importance écologique croissante par ses qualités écologiques et par la diversité de ses différents habitats, en plus d’offrir un havre de paix et un milieu idéal pour un nombre important d’espèces d’oiseaux nicheurs sédentaires et des nicheurs migrateurs, a ajouté M. Cheddad.
La présence d’une aussi importante population avifaune migratrice constitue un indicateur biologique de l’état de santé de l’écosystème de cette zone aquatique artificielle et de la qualité des eaux épurées selon un processus biologique naturel sans mécanisation, ni apport chimique au moyen de lagunage, a estimé, de son côté, le chef du projet de la STEP de Kef El-Doukhène, Missoum Benritab.
Considéré comme une référence en matière de développement durable, de préservation de l’environnement et des ressources hydriques dans la région, la zone humide artificielle créée sur l’exutoire naturel de l’oued M’zab, à la faveur du projet structurant d’assainissement et de protection contre les crues cycliques de la vallée éponyme, viennent s’ajouter à la zone humide de Sebkhat El-Maleh à El-Menea, classée en 2004 comme zone d’importance internationale sur la liste de la Convention de Ramsar.
La wilaya de Ghardaïa compte actuellement cinq (5) zones humides artificielles et quatre zones humides naturelles non classées, ainsi qu’une zone humide d’importance internationale classée inscrite sur la Liste de Ramsar des zones humides.
Ces sites aquatiques peuvent jouer un rôle considérable dans le domaine de la biodiversité et offrir la possibilité d’être des pôles d’attraction pour l’écotourisme, en mettant en valeur aussi les potentialités patrimoniales de la région qui abrite déjà des sites classés patrimoine mondiale.