« Gilets jaunes » : Edouard Philippe à la manoeuvre pour une solution à la crise sociale

« Gilets jaunes » : Edouard Philippe à la manoeuvre pour une solution à la crise sociale

PARIS – Le gouvernement français tentait lundi de trouver une sortie à la crise engendrée par le mouvement de « Gilets jaunes », cette fronde sociale de Français modestes contre la politique fiscale et sociale de l’Etat, deux jours après les émeutes qui ont ébranlé la capitale, ont rapporté des médias locaux.

Le premier ministre, Edouard Philippe, a commencé à recevoir, lundi, la maire de Paris, Anne Hidalgo, les chefs des principaux partis politiques français, avant de rencontrer mardi des représentants des « gilets jaunes ». Toutes les tendances politiques seront reçues au cours de cette journée de lundi qui va s’étaler jusque dans la soirée, ont ajouté les mêmes sources.

Seront reçus, entre autres, Nicolas Dupont-Aignan (DLF, droite), Olivier Faure (Parti socialiste, gauche), Benoît Hamon (Générations, gauche), Jean-Christophe Lagarde (UDI, centre), Marine Le Pen (RN, extrême droite), Florian Philippot (Patriotes, extrême droite) ou encore Laurent Wauquiez (LR, droite).

Membre de la majorité présidentielle, le MoDem de François Bayrou (centre) sera représenté par sa vice-présidente, Marielle de Sarnez. Le président Emmanuel Macron, qui n’a pas encore pris la parole depuis son retour d’Argentine dimanche, a chargé le premier ministre de dénouer cette crise en engageant un dialogue avec les partis politiques et les représentants des manifestants.

« L’ensemble des consultations, ainsi que celles ayant eu lieu la semaine dernière, conduiront le Premier ministre à annoncer les mesures destinées à permettre le déroulement serein de la concertation décentralisée souhaitée par le président de la République, et à assurer le maintien de l’ordre et le respect de la loi », ont assuré les services du Premier ministre dans un communiqué.

Parmi les mesures qui pourraient être prises pour tenter d’apaiser les esprits, une baisse des impôts telle que formulée par les protestataires. « Il faut accélérer la baisse des impôts. Mais pour cela il faut accélérer la baisse de la dépense publique. Et nous sommes décidés à nous engager dans cette voie », a assuré lundi le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.



Des procès en cascade, en attendant une issue au conflit

L’imposition d’une taxe sur les carburants, pour financer la transition écologique, a poussé les Français à se mobiliser et à manifester, jusqu’à déclencher des émeutes au centre de Paris samedi.

Parallèlement aux consultations engagées par le gouvernement, « les gilets jaunes » continuent leurs actions, notamment les blocages de routes en province et de plusieurs dépôts de carburants dans l’ouest et sud du pays. Une centaine de lycées étaient partiellement ou totalement fermés, à la fois pour protester contre les réformes dans l’Education et en soutien parfois aux gilets jaunes.

Des représentants du mouvement exigent un « moratoire » sur la hausse prévue du prix de l’essence et du diesel au 1er janvier et la réintroduction « immédiate » de l’impôt sur la fortune, qui a été réduit par M.Macron.

Pour leurs parts, les partis de l’opposition ont formulé plusieurs solutions pour désamorcer cette crise, dont la dissolution de l’Assemblée nationale, idée défendue par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, alors que Laurent Wauquiez a plaidé pour la tenue d’un référendum sur les réformes.

S’agissant de la gestion des manifestations de samedi, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, ainsi que le secrétaire d’Etat Laurent Nunez, devront s’expimer à ce sujet, aujourd’hui, devant les députés et mardi face aux sénateurs.

Les organisations syndicales policières ont critiqué la gestion du maintien de l’ordre et ont demandé à être reçues par le président Macron pour exposer la « gravité de la situation », exigeant que la stratégie d’ordre public soit adaptée en cas de nouvelle mobilisation.



Dans le même temps, la justice s’apprête à juger les manifestants interpellés samedi après les émeutes de Paris. Plusieurs dizaines des 378 personnes arrêtées, vont être jugées lundi et mardi lors d’audiences en « comparution immédiate ».

Les prévenus devront répondre des chefs d’ »actes de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique », « dégradations sur des biens destinés à l’utilité publique », « regroupements en vue de commettre des violences », ou encore « port d’armes », délits passibles de trois à sept ans d’emprisonnement, ont indiqué les autorités judiciaires.