GOUVERNEMENT : Les ministres de Bedoui face à la colère de la rue

GOUVERNEMENT : Les ministres de Bedoui face à la colère de la rue

Le gouvernement Bedoui a visiblement toutes les peines du monde à accomplir ses missions. Même les tâches les plus simples relèvent aujourd’hui de l’impossible.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Ils sont jeunes, dans leur majorité non préparés à occuper de hautes fonctions politiques et ont été désignés ministres pour former une équipe gouvernementale dans une Algérie en phase révolutionnaire. L’équation est connue, et le résultat aussi. Il est désormais visible à chaque sortie, ou tentative de sortie, publique. Le dernier exemple en date remonte à hier seulement.
Ayant été informés d’une visite du ministre de l’Intérieur, de très nombreux citoyens de Béchar se sont mobilisés pour empêcher ce dernier d’effectuer sa tournée. Dès vendredi au soir, de très nombreuses personnes se sont rassemblées tout le long du trajet que devait normalement emprunter la délégation ministérielle. A son arrivée dans cette wilaya, des manifestations ont éclaté en plusieurs points et des slogans hostiles au niveau gouvernement ont été scandés avec force.
L’équipe de Bedoui était, à ce moment, contrainte de se déplacer sous forte escorte policière. Du déroulement de sa mission, on en sait peu, la ville en effervescence était trop occupée à poster des vidéos et images retransmettant des messages de personnes en colère et réclamant un changement radical. Le ministre de l’Intérieur était accompagné de son collègue des Ressources en eau. Il y a quelques jours encore, ce dernier a évité d’être confronté à une situation similaire en adoptant une stratégie visant à lui assurer la discrétion totale durant la visite qu’il a effectuée à Bou-Ismaïl dans la wilaya de Tipasa. Des travailleurs de cette région ont avoué ne s’être aperçus que trop tard de la venue du ministre car il avait pris toutes les précautions nécessaires afin que son arrivée ne soit pas ébruitée avant l’heure. Les mêmes sources font, d’autre part, savoir que même le jour de l’arrivée du ministre, aucun signe, ni préparatifs habituels n’étaient visibles. Ici, les membres de l’équipe dépêchée par Bedoui sont arrivés séparément, sans tambour battant. Sur place, la mission n’a pas duré plus qu’une heure.
Des exemples, il y en a encore. Au début de la semaine écoulée, le ministre des Travaux publics a dû, quant à lui, annuler purement et simplement une visite programmée à la périphérie d’Alger. Ayant eu vent du déplacement, des citoyens en colère s’étaient rassemblés dès les premières heures de la matinée, résolus à faire barrage à la délégation.
Chaque vendredi, tous les membres du nouvel exécutif sont décriés par les milliers d’Algériens qui défilent dans les rues.
La ministre de la Culture fait, elle aussi, fréquemment l’objet de slogans hostiles. Au centre de vives critiques depuis sa nomination, elle avait tenté de répondre aux internautes qui la fustigeaient avant de se confiner dans le silence. Une posture dans laquelle se trouve également le Premier ministre. Depuis la mise en place de son gouvernement, ce dernier s’est abstenu de toute déclaration publique.
L’exécutif a pourtant en charge la préparation d’échéances immédiates telles que la programmation des examens de fin d’année et nationaux. La tâche est, une fois de plus, moins aisée qu’on ne pourrait le supposer, pour l’heure, les réunions gouvernementales s’effectuent uniquement entre les ministres et leur staff…
A. C.