Devant un bras de fer qui ne semble pas près de connaître un dénouement heureux, les députés sont dans une position d’arbitrage quant au dossier de la retraite, dont le projet de loi de révision leur est soumis par le gouvernement.
C’est, en effet, le moins que l’on puisse dire à ce stade, d’autant que le conflit n’est pas encore clos à l’extérieur, d’autant que les syndicats conglomérés dans l’Intersyndicale comptent reconduire leur mouvement dès lundi prochain.
Se ranger du côté du gouvernement ou soutenir la cause de ses futurs potentiels « électeurs » ? Le choix n’est pas aussi facile que l’on peut l’imaginer. L’avant-projet de révision du système de la retraite, fixant le départ à 60 ans et mettant fin aux départ avant cette limite, se trouve actuellement devant l’Assemblée populaire nationale (APN). La chambre basse du Parlement a déjà commencé, en commission, le débat.
Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, ainsi que les responsables de la Centrale syndicale UGTA ont été auditionnés par la commission en charge des affaires sociales, de la santé, du travail et de la formation professionnelle. Selon des échos, outre les députés de l’opposition, des membres issus du FLN n’ont pas été tendres avec le ministre, demandant «plus d’explications» sur cette décision.
Mais, ce n’est pas pour autant que les syndicats crieront victoire, puisque l’on est encore loin de l’heure de vérité où les députés seront appelés à voter « pour » ou « contre » le projet en plénière. D’ailleurs, des syndicats grévistes ont découvert, mardi, qu’ils avaient été remplacés par d’autres syndicats, «auditionnés» au niveau de la même commission, alors que ces derniers ne sont même pas concernés par la grève.
Un signal fort de l’orientation que prendra le rapport final. Cependant, et puisque l’espoir reste permis, le travail de sensibilisation ne s’arrête pas là. Des groupes parlementaires de partis d’opposition, tels l’AAV, El Adala, le PT, ou encore le FFS, ont d’ores et déjà programmé des rencontres avec les syndicats. Histoire d’affûter leurs armes et renforcer leur argumentaire. Il y aurait même une concertation entre lesdits groupes pour dégager une position commune lors du vote, bien que la majorité représentée par le tandem FLN-RND ne trouve pas de difficultés à faire voter la loi telle qu’elle est.
Et si cette même majorité décide d’apporter des amendements au texte présenté par le gouvernement ? C’est presque le seul espoir qui reste aux syndicats autonomes qui rejettent la réforme de la retraite, outre le soutien timide de l’opposition. Les travailleurs des secteurs concernés devraient certainement retenir leur souffle, le temps que le projet soit soumis au vote.
Ils n’ont, en effet, rien entre les mains, si ce n’est un vote sanction lors des élections législatives du printemps 2017. Il faut dire que l’approche de ces échéances peut être un point faible pour les députés. S’ils veulent gagner les voix de ces travailleurs, ils devront commencer par les soutenir dans cette « affaire ». Un test de vérité.
D’ailleurs, l’intersyndicale a interpelé, mardi, au deuxième jour de la grève, les députés pour « leur responsabilité devant l’histoire », tout en les invitant à « être du côté des travailleurs dans la défense de leurs droits légitimes ». Un message qui en cache beaucoup d’autres entre les lignes à la veille d’échéances importantes.