Grâce à Facebook, le football américain fait son entrée au Maroc

Grâce à Facebook, le football américain fait son entrée au Maroc

Pour la première fois ce week-end une équipe de football américain 100% marocaine, recrutée via Facebook, a participé à un tournoi en France. Les joueurs, essentiellement basés en Europe, souhaitent maintenant lancer ce sport au Maroc, où il est encore bien souvent confondu avec le rugby.

L’initiative avait été lancée en 2010 par un ingénieur marocain travaillant en France. Avec quelques aficionados, ils sont passés par les réseaux sociaux pour constituer un embryon d’équipe nationale. Un succès puisque le groupe Facebook Morocco’s American Football Team réunit actuellement 60 joueurs marocains encadrés par sept bénévoles.

L’équipe a disputé ce week-end son premier tournoi à Marseillan, près d’Agde en ,et s’est classée 7e sur 12. Mais l’objectif de l’association ne s’arrête pas là : à terme, elle souhaite développer le football américain au Maroc, où elle a déjà contribué à la création de deux équipes à Rabat puis Tanger durant l’été 2012, et pourquoi pas être à l’origine du premier championnat national.

En 2011, un humanitaire américain avait déjà tenté d’exporter ce sport à Goulmima et Errachidia dans l’est du pays et organisé le premier match sur le territoire marocain en mars 2012. Mais le projet n’avait pas fait long feu.

« Notre objectif, c’est d’être crédible à l’étranger pour avoir ensuite la possibilité de développer ce sport au Maroc »

Ahmed Ben El Cadi est ingénieur en statistiques, fondateur et président de l’Association marocaine de football américain. Il vit en France.

Je suis né et j’ai grandi au Maroc jusqu’à mes 18 ans. Petit, je rêvais de pratiquer ce sport dans mon pays, mais j’ai dû attendre de poursuivre mes études en France pour commencer à y jouer, d’abord à Asnières puis à Cannes. C’est au même moment que j’ai voulu recruter des joueurs marocains pour monter une équipe. La solution la plus rapide et la moins onéreuse, c’était Facebook. Au début, on était une dizaine. On a mis un an avant d’avoir assez de joueurs pour fonder une équipe complète [une équipe est composée de 11 joueurs mais il existe 50 postes différents, NDLR]. J’ai eu des réponses d’Espagne, de Belgique, et même une du Canada !

Malgré cet engouement, c’est très difficile de réunir tous les joueurs. Notre premier stage d’entraînement a eu lieu en janvier à Asnières et n’a duré qu’un week-end. Nous sommes également dépendants des prêts de matériels ou de terrains des clubs avec lesquels on travaille. L’association ne vit pour l’instant que des cotisations de ses membres et de quelques donations de ses dirigeants bénévoles. Le budget ne dépasse pas les quelques centaines d’euros.

Peu importe les obstacles, nous avons la volonté de pérenniser cette équipe. Le prochain objectif, c’est le premier match amical international en septembre contre l’équipe suisse des Neuchâtel Knights [le 3e du championnat suisse en 2013, NDLR ].

« Certains jeunes ont fait 200 kilomètres pour essayer un équipement de football américain ! »

Notre objectif, c’est d’être crédible à l’étranger pour avoir la possibilité de développer ce sport au Maroc. Le 14 juillet 2012, à Rabat, dans ma ville natale, on a pu organiser les premières initiations en faisant découvrir les équipements, et une variante du football américain, le flag [sport où les plaquages sont remplacés par l’arrachage de bandes de tissus accrochées à la ceinture des joueurs, NDLR]. Le problème du football américain, c’est que l’équipement coûte 230 euros par personne, sans compter les frais de port si on veut les exporter au Maroc, car ce matériel n’est pas fabriqué sur le continent africain. Le flag, qui ne comprend pas de contacts directs, ne nécessite pas cet équipement, c’est donc un bon compromis pour faire découvrir ce sport sans dépenser beaucoup d’argent.

Pour beaucoup de jeunes, c’était la première fois qu’ils mettaient un équipement de football américain. Ils ne voyaient ce sport que sur Internet et ça leur paraissait si lointain. Certains sont venus de Fès, à 200 kilomètres, pour participer à cette journée !

Il y a, pour l’heure, 200 joueurs d’origine marocaine, seniors et juniors confondus, qui nous ont contactés. On espère que notre association a jeté les bases de la création d’une future Fédération marocaine de football américain [l’association a déposé une demande auprès du ministère marocain de la Jeunesse et des Sports, NDLR].

« Que tu sois gros ou maigre, il y a un poste pour toi au football américain »

Tarik Mouh a 29 ans, il est receveur dans l’équipe de football américain de Rabat et l’un des deux bénévoles de l’association au Maroc.

J’ai entendu parler de ce sport grâce à la page Facebook Morocco’s American Football Team. J’ai ensuite participé aux journées d’initiation en 2012. Auparavant, je pensais que c’était impossible que ce sport américain arrive dans mon pays où les terrains sont monopolisés par les équipes de football. Mais finalement, on a réussi à créer une première équipe locale au Maroc.

Pour l’instant, on ne s’entraîne qu’une fois par semaine. On n’a malheureusement pas de terrain libre et on joue soit au milieu d’une forêt sur la terre, soit sur la plage.

« Si un seul joueur ne respecte pas sa partition, c’est la défaite assurée ! »

Lors du tournoi d’initiation à Tanger en mars dernier, beaucoup de personnes nous disaient « Alors, vous faites du rugby ? » [un sport relativement développé au Maroc avec 8000 licenciés, NDLR]. Ils ne comprennent pas la différence avec notre sport.

Le football américain est un sport de rapidité où tout le monde peut trouver sa place : pas besoin d’avoir de qualité physique particulière, que tu sois gros ou maigre, costaud ou chétif, il y a un poste qui correspond à chaque profil. Le jeu est fait de phases arrêtées, très stratégiques, et si un seul joueur ne respecte pas sa partition, c’est la défaite assurée. Ça développe la rigueur et le collectif plus que tout autre sport !

À part les réseaux sociaux, on n’a pas beaucoup de moyen pour faire connaître notre action. Mais avec les prochains matchs prévus de l’ »équipe nationale », on espère faire des émules à Casablanca ou Marrakech !