Le secteur de l’éducation demeure dans la tourmente et peine à sortir de la zone de turbulences. Après la colère des lycéens, des parents d’élèves et des enseignants, c’est au tour des syndicats de revenir à la charge pour annoncer une grève nationale d’une semaine à partir du 8 novembre prochain.
Pratiquement, les syndicats du secteur de l’éducation veulent faire converger leur action pour frapper fort et peser de leur poids. Lors de leurs multiples réunions de concertation, ils ont exprimé cette volonté d’aller vers la radicalisation de leur action de protestation dès la fin de ce mois.
Ils n’avaient pas, toutefois, fixé de date, car ils espéraient un geste d’apaisement de la part des pouvoirs publics, en vain. Hier, deux syndicats, l’Union nationale des travailleurs de l’éducation et de la formation (Unpef) implanté dans 48 wilayas du pays et représentant les trois paliers, et le Conseil national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) ont, ensemble, fixé la date du débrayage. Ces deux organisations syndicales, appartenant chacune à deux pôles différents, à savoir l’intersyndicale autonome de la Fonction publique et la Coordination autonome de la Fonction publique, appellent les autres syndicats à adhérer à ce choix afin de faire de ce combat une cause commune. En outre, la mauvaise gestion des dossiers du régime indemnitaire, des œuvres sociales, de la médecine du travail, sont, entres autres, les raisons qui les ont poussés à décréter une grève nationale d’une semaine, renouvelable. La circulaire du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui interdit l’application du régime indemnitaire avec effet rétroactif à partir de janvier 2008, est la goutte qui a fait déborder le vase. La décision d’Ouyahia a suscité l’ire des enseignants et vient ainsi remettre en cause les promesses faites aux syndicats par le ministre de l’Education nationale et celui de l’Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale à ce sujet.
De ce fait, l’application du régime indemnitaire ne prendra effet qu’après sa publication dans le Journal officiel. « Nous considérons cela comme une trahison de la part des pouvoirs publics et demandons au Premier ministre de revoir sa copie, car elle porte atteinte à la crédibilité de l’Etat et de ses engagements. Le gouvernement s’est engagé sur ce point, alors il doit respecter ses engagements », ont soutenu les syndicalistes. M. Sadak, porte-parole de l’Unpef, affirme avoir saisi M. Benbouzid sur cette question, mais ce dernier s’est montré réticent en affirmant que « cela le dépassait ». Les syndicats revendiquent la révision de fond en comble de toute la politique des salaires.
L’augmentation du Salaire national minimum garanti (SNMG) ne profitera même pas aux premiers concernés qui sont les smicards mais aux fonctionnaires nommés par décret. Les représentants des enseignants demandent à ce que le point indiciaire soit calculé par rapport au prix des produits en mettant en veille un mécanisme qui sera actionné en fonction des augmentations. « Il ne sert à rien de faire des augmentations si elles seront gommées ou absorbées par des augmentations des prix à la consommation. » C’est la raison pour laquelle, « nous demandons l’augmentation du point indiciaire de 45 DA à plus de 191 DA », notent les syndicats, qui exigent leur implication dans les négociations sur les régimes indemnitaires. « Nous avons formulé dans ce sens des propositions, mais nous sommes persuadés qu’aucune d’elles ne sera retenue, car le dernier mot revient à la Fonction publique ; c’est pour cette raison que nous demandons à ce que nous soyons associés à l’élaboration de la feuille de route », a affirmé M. Sadak. S’agissant des œuvres sociales, les syndicats veulent avoir le contrôle de ce dossier qui ne devrait pas être, selon eux, l’apanage d’un seul syndicat. « Depuis longtemps, l’UGTA a la mainmise sur les œuvres sociales, nous dénonçons cet état de fait », souligne le représentant de l’Unpef. Pour ce qui est de la médecine du travail, les enseignants regrettent que les maladies qui touchent de très près le corps de l’éducation ne soient pas classées parmi les accidents de travail.
Par Nabila Amir