Alors que la France a reçu les premiers vaccins jeudi, le retard s’accumule dans la fabrication.
Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a estimé qu’on ne disposerait pas «dans les prochains mois» de vaccins en quantité suffisante dans le monde contre le virus de la grippe H1N1.
Dans une interview au Monde daté de dimanche-lundi, elle estime à 900 millions de doses la capacité annuelle de production mondiale de vaccins anti-grippaux, pour une population mondiale de 6,8 milliards d’habitants.
«Même si cela reste insuffisant, cela n’était jamais arrivé pour les pandémies précédentes», dit-elle.
Enfin, le processus conduisant à l’autorisation de mise sur le marché est accéléré par les autorités régulatrices mais cela ne concerne que les «procédures administratives», souligne la directrice générale de l’OMS, affirmant qu’«il n’est pas question de faire de compromis sur la sécurité et l’efficacité des vaccins».
La directrice de l’OMS préoccupée
Margaret Chan souligne aussi que «ce virus voyage à une vitesse incroyable, inédite», et «en six semaines parcourt la même distance que d’autres virus en six mois», souligne la directrice de l’OMS.
Elle insiste aussi sur le nombre «sans précédent» de personnes infectées, estimant que «jusqu’à 30% des habitants des pays à forte densité de population risquent d’être infectés».
Ce virus «ne provoque pas de maladie sévère chez la plupart des gens», note-t-elle, et il n’y a donc «rien d’étonnant» à ce que les gens «trouvent que l’on en fait beaucoup».
«Mais je ne suis pas d’accord avec ce point de vue», ajoute-t-elle. «Sans plans de préparation, nous serions incapables d’avoir une réponse organisée».
40% des décès concerne les jeunes adultes
Mais pour le Dr Chan, le fait le plus préoccupant est que «60% des décès surviennent chez des personnes ayant des problèmes de santé sous-jacents. Ce qui signifie que 40% des décès concernent des jeunes adultes -en bonne santé- qui meurent en cinq à sept jours d’une pneumonie virale».
Elle note que «dans beaucoup de pays les services d’urgence et de soins intensifs sont extrêmement sollicités, voire surchargés», et craint que des ressources soient consommées «au détriment des malades touchés par le cancer, les maladies cardiovasculaires…»
Se préparer au pire
«Il ne faut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul», souligne Mme Chan, affirmant que «tout gouvernement responsable doit se préparer au pire» et est «comptable de la manière dont il protège ses citoyens».