Le Dr Anne Schuchat, chargée de la santé publique à la Maison- Blanche et experte de la grippe, a appelé à une vaccination urgente des femmes enceintes, sujets vulnérables à risque, contre la grippe A.
Et cela sans même attendre la fin des essais cliniques du vaccin. « Je dis à chaque femme enceinte à qui je parle que la vaccination est la meilleure protection pour ellemême et son enfant », a-t-elle déclaré, jeudi dernier, lors d’un point de presse. Cette mise en garde n’est pas fortuite.
En effet, il a été établi que parmi les personnes infectées par le virus, le taux de décès est de 6% chez les femmes enceintes contre 1% pour le reste de la population.
Les essais cliniques sur les vaccins contre la grippe H1N1, qui ont commencé plus tard pour les femmes enceintes que pour les autres groupes, ne seront pas terminés avant la fin octobre.
Or les premières doses de ces vaccins devraient être distribuées dès la première semaine d’octobre.
Sur le plan national, la situation reste des plus ambiguës. Jugez-en.
En l’absence d’une communication officielle qui, sous d’autres cieux est de rigueur en pareille situation, les citoyens baignent dans le flou et le mystère.
Le silence adopté par les autorités concernées, à leur tête le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et celui de l’Education nationale, ajoute à l’anxiété qui va grandissante surtout avec la rentrée scolaire, la saison du Hadj et l’arrivée de l’automne, période réputée propice à la propagation du virus de la grippe saisonnière.
Mais les quelques bribes d’informations que daignent rendre publiques nos responsables sont distillées dans des communiqués laconiques et loin d’être explicatifs.
Commençons par les chiffres : à ce jour, les autorités sanitaires se sont évertuées à communiquer des chiffres variés et approximatifs sur les doses de vaccins importées contre la grippe A.
Alors qu’il y a quelques mois, le département de Saïd Barkat tenait le chiffre exact sous le sceau du secret, des « fuites dignes de foi » affirmaient que la commande faite était de 65 millions de doses.
La semaine dernière, le même département annonçait que l’Algérie recevra un quota de 20 millions de doses dans les jours à venir.
Cela au moment où des spécialistes de tous les horizons affirment que le vaccin ne sera pas prêt avant la fin du mois d’octobre.
Même les bénéficiaires de la vaccination selon les priorités n’ont pas été annoncées.
La non-importation du vaccin saisonnier, elle, n’est pas sans susciter crainte et appréhension parmi la population et surtout les femmes enceintes et les malades chroniques.
Selon les explications du département de la santé, cela est dû à l’importation d’une forte quantité de vaccin contre la grippe A.
Mais n’est-ce pas que la commande du vaccin contre la grippe saisonnière se fait une année à l’avance, alors que le premier foyer de la grippe porcine n’est apparue dans le monde qu’à la fin mars, début avril ?
Dans tout cela, le simple citoyen reste livré à lui même, comme cela fut le cas d’ailleurs lors de la grippe aviaire et du Sras.
La production du vaccin s’annonce insuffisante
Alors que le virus H1N1 ne cesse de se propager en faisant pas moins de 3 486 victimes, soit une augmentation de 281 décès en une semaine, la situation ne cesse de se compliquer sur tous les plans.
Ainsi, l’OMS annonce que les firmes pharmaceutiques ne pourront produire que trois milliards de doses par an, contre les cinq milliards prévus auparavant.
Ce qui implique que la production annuelle de vaccins ne suffirait en effet à immuniser que moins de la moitié de la population mondiale estimée à 6,8 milliards.
Pis encore, les enfants et les personnes souffrant d’une déficience immunitaire pourraient avoir besoin de deux doses.
Par ailleurs, cette redoutable pandémie a été à l’origine du report de la rentrée scolaire dans certains pays du Golfe et de la péninsule arabique tels que le Yémen, le Qatar, l’Arabie Saoudite et autres où le H1N1 a déjà causé la mort de pas moins 70 personnes.
MERIAM SADAT