La matinée a été gâchée pour des milliers d’usagers du métro d’Alger contraint au nom d’un vague « problème technique » de descendre à la station des fusillés aux Annassers. Face à des usagers éberlués, les agents du métro répétaient de manière mécanique « problème technique » et « on ne sait pas combien cela durera ».
« Aujourd’hui, métro rime avec mépris » explose un quinquagénaire. « vous saviez que le train ne passera pas les « fusillés » pourquoi ne pas l’avoir annoncé au niveau des autres stations? Vous gâchez la journée de milliers de personnes » lance-t-il furibond à des employés placides et indifférents.
Une dame lui donne raison: « je viens de payer 50 dinars. Je suis monté à la station Amirouche, un arrêt avant. Ils auraient pu nous avertir » s’enflamme-t-elle à son tour. Le gros des voyageurs, trop pressés pour protester, ni à demander qu’on rembourse le billet, s’engouffraient dans les escalators.
A la sortie, ils découvrent des centaines d’autres voyageurs piégés par le « problème technique » du métro qui se disputaient les taxis. Un bus pour la « place des martyrs » arrive, c’est la ruée. « C’est ce que le métro m’a évité jusqu’à présent et il va me contraindre à redonner des coudes » dit un jeune homme. Il décidera finalement de ne pas se battre et d’aller à Alger centre en marchant. « Mieux vaut marcher que se faire marcher dessus ».
Tous n’ont pas cette latitude. Pour la plupart, il faut arriver au travail, à temps. Rien n’a été prévu par l’entreprise du métro pour les voyageurs laissés en rade. « Pourtant un ticket est comme une assurance d’arriver à bon port », hurle un jeune qui manie des concepts de droit.
Pour la plupart, l’urgence n’était pas de causer mais d’arriver. En ce mardi matin, l’entreprise du métro a causé plein de bobos.