L’exposition aux perturbateurs endocriniens n’est pas à prendre à la légère notamment durant la période fœtale. Mais peu de femmes enceintes savent comment limiter les risques, révèle l’Association Santé Environnement France.
Pendant la grossesse, le bébé est extrêmement sensible à l’environnement de la future maman, qui joue donc un rôle déterminant dans son développement. C’est pour cette raison qu’il est déconseillé aux femmes enceintes de boire ou de fumer et que de nombreuses études sont menées sur des facteurs environnementaux comme les risques de la pollution, ou une mauvaise alimentation.
Mais les mères doivent également prendre garde aux produits toxiques présents dans leur quotidien, qui peuvent traverser le placenta et atteindre le fœtus et en premier lieu, les perturbateurs endocriniens. Ces derniers sont « des substances chimiques qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur l’organisme ou sur les descendants », précise l’Association Santé Environnement France (ASEF).
Seulement un quart des femmes savent comment se protéger
Un certain nombre d’affections sont suspectées d’y être liées, comme la baisse de la qualité et de la quantité du sperme, une altération de la fonction thyroïdienne et chez les femmes enceintes, un risque de retard de croissance fœtal. L’eau et l’alimentation (migration de substances depuis l’emballage) mais également l’air et les cosmétiques sont considérées comme les principales sources d’exposition.
Bisphénol A, phtalates, parabènes, ces polluants seraient pourtant loin d’être limités dans le quotidien des femmes enceintes selon l’ASEF, qui a interrogé 502 futures mamans. « Près de 90% des femmes enceintes sondées ont déjà entendu parler des polluants cachés dans l’air, l’eau ou encore leur assiette. Pourtant seulement un quart d’entre elles font en sorte de limiter leur exposition », a conclu l’association.
« L’exemple le plus frappant est celui de la consommation de tabac, qui contient de nombreux perturbateurs endocriniens », explique le Dr Patrice Halimi, Secrétaire Général de l’ASEF. L’association compte développer des programmes de formation à destination des sages-femmes qui jouent un rôle clé dans la prévention auprès des femmes enceintes. Cette dernière réitère aussi régulièrement des conseils de prévention à suivre au quotidien, et notamment pendant la grossesse.
Bien choisir les contenants alimentaires
Outre le tabac et l’alcool, les femmes enceintes sont invitées à privilégier les produits frais et de qualité, de manger bio si possible ou à bien laver les fruits et légumes pour limiter les pesticides. La consommation de poissons devrait être limitée à deux fois par semaine car ils peuvent contenir des métaux lourds toxiques pour le fœtus. Les conseils s’appliquent également à la manière de préparer les repas.
L’ASEF conseille ainsi de ne pas faire chauffer les aliments au micro-ondes dans du plastique, ce qui pourrait exposer le fœtus aux bisphénols, des perturbateurs hormonaux. Car si le bisphénol A est désormais interdit dans les biberons et tous les contenants alimentaires pour bébés et adultes depuis 2015, les industriels ont fait appel à ses cousins, le bisphénol S et F, pour le remplacer et les connaissances sur leurs effets sont très limitées. Evitez donc également les boîtes de conserve par mesure de précaution au profit de contenants en verre.
L’importance des bons labels
Pour l’entretien de la maison, il est conseillé d’aérer l’intérieur au moins 15 min par jour et d’oublier les bougies parfumées et l’encens, tous polluants. Le ménage doit se faire avec des produits d’entretien écolabellisés ou naturels et en cas de travaux comme de la peinture, les produits naturels à base d’eau (alkydes) ou ceux portant un écolabel européen ou la mention « NF Environnement » sont à privilégier.
Le choix de produits écolabellisés ou à base de substance naturelles s’applique également pour les cosmétiques : le produit doit en contenir au moins 98%. Sauf pour les teintures et vernis à ongles, à proscrire totalement. Enfin, il faut bannir les bombes contre les insectes qui contiennent beaucoup de pesticides, considérés comme des perturbateurs endocriniens.
Quant au téléphone portable, privilégier une utilisation en kit mains libres est conseillé ainsi que de le garder, avec les tablettes et ordinateurs, à distance du ventre. Ces conseils sont utiles à suivre car « nous sommes très rarement exposés à une seule substance et les effets biologiques de ces substances peuvent interagir entre eux », précise l’ASEF. Mieux vaut donc se préserver le plus possible de ces « effets cocktail » dont l’impact est encore méconnu.