Trois mois sans salaire, des chantiers à l’arrêt… la situation que vivent les travailleurs du groupe ETRHB, dont le patron est en prison, est pour le moins dramatique.
Des travailleurs du groupe ETRHB ont observé hier un sit-in au siège de la direction générale du groupe à Dar El-Beïda (Alger). Venus des différents chantiers du centre du pays, les travailleurs ont voulu, à travers cette action, exprimer leur colère et réclamer la protection de leurs postes d’emploi. Selon l’un des représentants des travailleurs, rencontré sur place, cette action vise surtout à attirer l’attention des pouvoirs publics sur le désarroi que vivent les travailleurs de l’ETRHB.
Trois mois sans percevoir de salaire, des chantiers à l’arrêt… la situation est pour le moins dramatique. Selon un chauffeur de l’entreprise, “cela fait plus de vingt jours que nous n’avons pas de carburant pour nos camions”. En plus de pénaliser les travailleurs du groupe, cette situation ne permet pas, précise-t-on encore, d’assurer le paiement des charges fiscales et parafiscales de la Cacobatph, de la Cnas et les charges d’exploitation.
À quelques jours de l’Aïd et à quelques semaines de la rentrée, les travailleurs ne savent plus de quoi sera fait leur avenir. Pour rappel, le groupe a fait l’objet du gel de ses avoirs et de ses comptes bancaires, suite à l’incarcération de son propriétaire, Ali Haddad. Ce qui signifie l’arrêt de son fonctionnement puisqu’aucun paiement de salaires ou autres dépenses ne pourront être honorés. Hier, lors du sit-in, les travailleurs ne semblaient pas gênés par le fait qu’aucun des responsables du groupe ne soit présent.
Pour leur représentant, le problème les dépasse et ils ne peuvent rien faire. Cependant, notre interlocuteur déplore que l’administrateur, censé être désigné par les pouvoirs publics, ne soit pas encore arrivé. Selon lui, la nomination d’un administrateur pourrait ouvrir la voie à un début de solution. Mettant les choses au clair, le représentant des travailleurs a tenu à préciser que le seul souci des travailleurs est de défendre leurs emplois.
Il importe peu que cela se fasse par une nationalisation ou une reprise de l’entreprise. En clair, les travailleurs du groupe ETRHB sont favorables à tout changement, mais ils n’accepteront pas la mise à mort de leur entreprise et de leurs emplois. Ainsi, il lance un appel aux pouvoirs publics et notamment au ministre de la Justice pour débloquer exceptionnellement leurs salaires.
Les employés sur lesquels la menace de chômage plane ne comptent pas lâcher prise. Face au silence des pouvoirs publics, les travailleurs comptent multiplier les actions de contestation et prévoient même d’organiser un sit-in devant les ministères de la Justice et de l’Industrie. Le groupe ETRHB semble être le plus touché par l’incertitude générée par l’incarcération de certains patrons qui étaient proches du cercle présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika. Ce sont au total 15 000 employés de l’ETRHB (en 2018) qui sont sous la menace du chômage.
Saïd Smati