Les verdicts d’emprisonnement et de saisie de biens prononcés contre les patrons d’entreprises, impliqués dans les affaires de corruption, ont laissé derrière eux des milliers de travailleurs dans une situation incertaine, pour le moins que l’on puisse dire.
Depuis la chute du régime de Bouteflika en 2019 donnant naissance à de dizaines de procès liés à des affaires de corruption qui a impliqué plusieurs hommes d’affaires patrons d’entreprises privées, les réclamations des travailleurs de ces mêmes groupes se trouvent dans des situations des plus incertaines.
Des milliers d’entre eux se sont retrouvés au chômage ce qui risque d’arriver d’ailleurs aux autres, du fait des difficultés financières et la chute des chiffres d’affaires et les complications administratives dont se trouve ces entreprises.
Ajouter à cela des milliers de travailleurs qui se sont retrouvés sans salaires depuis des mois. D’ailleurs, plusieurs sit-in ont été organisés par des travailleurs de ces groupes réclamant le versement de leurs salaires, ainsi que des engagements effectifs quant à l’avenir de leurs postes de travail.
Il est tout à fait naturel que les poursuites en justice des hommes d’affaires de l’époque de Bouteflika, impliqués dans des affaires de corruption, soient souhaitables. Or, ces mêmes démarches ont laissé des milliers de victimes collatérales, qui n’ont rien à voir avec les pratiques douteuses de leurs patrons respectifs.
Des administrateurs judiciaires au transfert de propriété
Une chose est sûre, les craintes des employés de ces groupes sont tout à fait justifiées, d’autant que les solutions proposées jusqu’alors n’ont apporté aucune certitude, notamment concernant l’avenir de leurs emplois.
Vers la fin de l’année écoulée, plus précisément le 31 décembre 2020, l’ensemble des administrateurs judiciaires, désignés par les juges enquêteurs chargés des dossiers des groupes dont les patrons ont été inculpés pour corruption, ont été tous limogés.
Selon des informations relayées par la presse nationale, cette mesure intervient suite à une enquête diligentée par la Police judiciaire relevant de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale de Bab Jdid, à la demande des avocats des mis en causes.
En leurs qualités d’experts financiers, ces administrateurs judiciaires, désignés pour la gestion des affaires courantes de ces groupes, seront donc remplacés par des managers, issus majoritairement du secteur public, précise-t-on.
Il s’agit du groupe ETRHB appartenant à Ali Haddad, Ival de Mohamed Baïri, Cima Motors de Mahieddine Tahkout, KouGC des frères Kouninef et Sovac de Mourad Oulmi. Une fois de plus, les revendications des victimes de ces affaires n’ont pas été abordées.
L’instruction du chef de l’État
La dernière démarche en date, évoquée quant à la situation de ces entreprises, c’est l’instruction du chef de l’État qu’il a donné au ministre du Commerce lors du dernier Conseil des ministres tenu le 28 février du mois dernier.
Il s’agit selon le communiqué du Conseil « de la recherche d’une solution immédiate pour engager le transfert de propriété de l’usine de Jijel de production d’huile de table suite aux jugements définitifs rendus contre les anciens propriétaires, et à accélérer sa remise en production ».
Tout porte à croire qu’il s’agit bel et bien d’une usine des frères Kouninef, qui se trouve actuellement en prison pour plusieurs affaires de corruption.