Guéguerre à El Mourabitoune

Guéguerre à El Mourabitoune

Rien ne va plus au sein d’« El Mourabitoune », une phalange dirigée par Mokhtar Belmokhtar, surnommé « monsieur Marlboro » pour la contrebande de cigarettes à laquelle il s’adonnerait, et El Sahraoui.

Ce dernier a réaffirmé, dans un nouvel enregistrement audio, l’allégeance de ce groupe djihadiste à l’organisation « Etat islamique (EI) » ou (Daech) et au chef de l’EI, Abou Bakr El-Baghdadi. Dans un deuxième enregistrement audio cité, en quelques jours, par le média mauritanien Alakhbar, El-Sahraoui a de nouveau justifié cette allégeance par « diverses considérations religieuses » dont « la recommandation par la Charia de rester soudés au sein de la Jamaâ (communauté musulmane), d’unir les croyants, de resserrer leurs rangs et de bannir la division. »

Il a par ailleurs nié l’adhésion d’El-Mourabitoune à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en précisant : « Nous n’avons pas non plus de liens organisationnels avec les frères dans cette organisation (Aqmi) depuis la fondation du groupe El-Mourabitoune. »

El Sahraoui qui avait, il y a quelques jours, annoncé l’allégeance d’El Mourabitoune à Daech, a donc réaffirmé cette adhésion après un « démenti » apporté par Belmokhtar qui, lui, rejette cette allégeance. Belmokhtar, chef de la phalange les « Signataires par le sang », l’un des deux mouvements qui forment El-Mourabitoune, avait démenti cette allégeance à l’Etat islamique, précisant que le groupe était « toujours fidèle » à Al-Qaïda au Maghreb islamique, est-il rappelé.

Les deux « émirs » sont entrés en désaccord, illustrant la guéguerre que des chefs d’organisations dites « djihadistes » se livrent depuis quelque temps, tentant, chacun de son côté, de gagner en influence et de faire allégeance à l’organisation présentée comme étant la plus puissante du moment, dans le but d’en tirer des dividendes. Dans des accusations réciproques, le porte-parole de Belmokhtar a affirmé que Al-Sahraoui « n’a pas été élu par le Conseil de la choura d’El-Mourabitoune.

Il s’est autoproclamé « émir » ». En revanche le porte-parole d’El-Sahraoui a affirmé que les membres du Conseil de la choura au niveau de l’Azawad (nord Mali) « ont bien désigné El-Sahraoui en tant qu’émir ». Le nouvel enregistrement d’El sahraoui, cité par Al Akhbar lundi dernier dans la soirée, atteste de cette guéguerre.

Belmokhtar, qui a créé à El Khelil, ville malienne frontalière avec l’Algérie, la phalange qui a revendiqué l’attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine, ancien compagnon de Aamri Saifi, alias « El Para », et ancien bras droit de Hassan Hattab, ex-« émir » national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) avant l’allégeance de cette organisation à l’organisation d’Oussama Ben Laden, devenant « Al Qaida au Maghreb Islamique » (AQMI), n’est pas en très bon termes avec Abdelmalek Droukdel, alias « Abou Mossaâb Abdelouadoud », « émir » national d’AQMI.

Entre Daech et Al Qaïda, des « émirs » tentent de se positionner dans un souci de tirer le maximum de dividendes en misant sur l’organisation la plus puissante du moment, en particulier dans ces moments où l’étau qui se resserre sur eux les pousse à demander la protection d’Abou Bakr El Baghdadi, « calife » de Daech, ou d’El Zawahiri, chef d’Al Qaïda, deux organisations terroristes rivales.