Guelma : Des blessés graves et plusieurs étudiants interpellés

Guelma : Des blessés graves et plusieurs étudiants interpellés

Un week-end des plus mouvementés que celui que vient de vivre l’université 8 Mai 45 de Guelma. De violents affrontements entre étudiants grévistes et agents de sécurité du département des langues et de l’information et communication se sont produits jeudi à l’intérieur du département Souidani Boudjemaâ.

Les heurts ont commencé vers 10h, quand une étudiante voilée a été agressée par des agents de sécurité, alors qu’elle tentait de regagner le mouvement de protestation, interdit suite à la décision de l’administration.

Les agents de sécurité étaient devant le portail principal en train d’interdire l’entrée et la sortie des étudiants en faisant barrage. Ils étaient très violents et avaient des gourdins à la main.

«L’étudiante agressée qui étudiait à côté et qui préparait un examen leur a simplement demandé de faire moins de bruit», témoigne une autre étudiante en langue arabe qui étudiait juste à côté, avant de poursuivre : «Ils l’ont introduite dans leur amphi et l’ont passée à tabac. Le pire c’est qu’ils l’ont déshabillée et l’ont filmée sans voile avec leurs téléphones portables.

Le lendemain, ils ont fait circuler le film de l’étudiante sans voile dans toute l’université de Guelma.» Les étudiants solidaires, affiliés à l’Ugel, ont agi de la sorte «suite à l’entêtement des agents de sécurité qui refusent de revenir sur leur décision». Mais les protestataires ont été surpris par l’attitude de ces derniers, zélés, qui les ont attaqués violemment à l’aide de barres de fer et de bâtons.

Commence alors un échange de jets de pierres entre les deux parties. Bilan : une quarantaine de blessés dont 3 agents de sécurité. Alors que nous étions sur les lieux, il n’y avait aucun responsable pour apaiser les esprits et ramener le calme. Pis, ces derniers ont, selon les étudiants, ont appelé des renforts de la police pour contrer l’action des étudiants et les obliger à quitter le lieu de la grève.

«C’est notre département, vous avez envahi notre département. Comment voulez-vous que je réagisse ?» «Moi j’ai reçu des instructions, cette université est réservée au savoir et à l’enseignement, comment veux-tu que je te laisse entrer ?», assène un agent de sécurité à un étudiant qui refuse de sortir. Nous avons vu des agents de «sécurité» armés de bâtons et de pierres pousser les étudiants afin de leur interdire de se rapprocher des amphis.

La tension et la colère étaient perceptibles sur tous les visages. «L’administration a mobilisé un nombre impressionnant d’agents et autres travailleurs pour agresser les étudiants», nous dit un autre étudiant. «Moi, je travaille au département de droit à Heliopolis mais je suis venu ici sur ordre de mon chef», nous dit un agent.

Dans une déclaration signée par plusieurs organisations et associations activant au sein de l’université de Guelma, ils nous ont déclaré : «Nous avons décidé de maintenir notre action de grève générale illimitée jusqu’à satisfaction de nos revendications.»

L’Institut de l’information et de la communication de l’université 8 Mai 45 de Guelma est paralysé depuis deux mois.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est l’exclusion de six étudiants grévistes de l’université de Guelma sans même passer par le conseil de discipline, comme le stipule la loi en vigueur.

C’est à partir de cette décision abusive que les étudiants de 6 départements, dont ceux des langues et de l’information et communication, ont répondu à l’unanimité à l’appel de débrayage lancé par leur représentant, l’Union générale des étudiants libres (l’Ugel).

Dans un communiqué adressé au ministre de l’Enseignement supérieur, ainsi qu’aux autorités locales, l’Ugel de la wilaya de Guelma a mis à l’index les dispositions du nouveau système LMD qui, selon toujours la même source, ne sont que des textes abusifs n’arrangeant en aucun cas l’intérêt des étudiants.

Déserts étaient les amphis de l’institut Souidani Boudjemaâ, et ce, pendant presque deux mois et l’Ugel promet de faire durer cette situation jusqu’à la fin de l’année universitaire, et de reconduire le mouvement si d’ici là rien n’est fait.

«Nous exigeons une intervention rapide du ministère de l’Enseignement supérieur pour mettre fin aux dispositions abusives et irresponsables de la commission de délibérations, qui représentent le point noir du système LMD», indique le communiqué.

Du côté du rectorat, c’est le black-out. Nos tentatives de joindre le recteur sont restées vaines.

Par Mourad Boudeffa