Guerre d’Algerie : après 67 ans, la France admet avoir assassiné Larbi Ben M’hidi

Guerre d’Algerie : après 67 ans, la France admet avoir assassiné Larbi Ben M’hidi

Le 1er novembre 2024, jour marquant les soixante-dix ans du début de la guerre d’indépendance algérienne, le président français Emmanuel Macron a officiellement reconnu la responsabilité de la France dans l’assassinat de Larbi Ben M’hidi en mars 1957.

Cette reconnaissance intervient dans un contexte où la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie reste un sujet sensible entre les deux nations. Macron a souligné que cette démarche vise à « regarder l’Histoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie en sa vérité, dans le but d’aboutir à la constitution d’une mémoire apaisée et partagée. »

Larbi Ben M’hidi : Une figure de l’indépendance algérienne

Larbi Ben M’hidi, dirigeant du Front de libération nationale (FLN) et figure centrale de la révolution algérienne, a été arrêté en février 1957 au plus fort de la bataille d’Alger. À l’époque, les autorités françaises ont prétendu qu’il s’était suicidé en détention, une version restée officielle jusqu’à la fin des années 1990. Cependant, en 2001, le général Paul Aussaresses a avoué que Ben M’hidi avait été pendu sur ses ordres. Cette révélation avait déjà provoqué une onde de choc, mais aucune reconnaissance officielle de l’État français n’avait suivi.

Ce geste de reconnaissance de Macron, qui s’inscrit dans la continuité de son engagement depuis 2017 à « travailler sur la vérité et la reconnaissance » de l’Histoire, marque une étape significative. L’historien Benjamin Stora, auteur d’un rapport sur la mémoire franco-algérienne, a encouragé cette initiative. Il a souligné que la reconnaissance de cet acte est une manière de « reconnaître la légitimité politique du combat des nationalistes algériens ».

Qui était Larbi Ben M’hidi ?

Larbi Ben M’hidi, né en 1923 près d’Ain M’lila, est une figure majeure de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Engagé dès son jeune âge, il milite d’abord au sein du Parti du peuple algérien (PPA) puis au Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). En 1954, il est l’un des six fondateurs du Front de libération nationale (FLN), marquant le début de la révolution algérienne contre la colonisation française.

Connu pour son courage et sa stratégie politique, Ben M’hidi prend part à la bataille d’Alger en 1957, où il dirige la résistance. Arrêté en février de la même année, il est torturé puis exécuté sous les ordres du général Paul Aussaresses. Les autorités françaises prétendent d’abord qu’il s’est suicidé, une version maintenant démentie.

Considéré comme un héros national, Larbi Ben M’hidi symbolise le sacrifice et la détermination de tout un peuple pour sa liberté. Aujourd’hui encore, il reste une source d’inspiration pour l’Algérie indépendante.

La France évoque la potentielle construction d’une « mémoire apaisée »

En réaffirmant son intention de réconcilier les mémoires franco-algériennes, Emmanuel Macron appelle également à une réponse de la part de l’Algérie pour ouvrir la voie à une réconciliation durable. Selon l’Élysée, il s’agit de trouver un équilibre historique permettant aux deux pays de construire ensemble une « mémoire apaisée ».

Le président a conclu en soulignant l’importance de ce travail pour les générations futures : « C’est aussi en pensant aux générations’ futures que le chef de l’État se fait devoir, encore et toujours, de chercher les voies de la réconciliation des mémoires entre les deux pays. »