Le dossier de la conciliation des mémoires entre l’Algérie et la France semble toujours aller dans le bon sens, malgré un ralentissement observé ces derniers mois.
Après avoir reconnu l’année dernière son assassinat et sa torture, la France rend hommage à l’avocat algérien ayant marqué la guerre d’Algérie, le martyr Ali Boumendjel.
Assassiné par l’armée coloniale française pendant la guerre d’Algérie, le martyr Ali Boumendjel a aujourd’hui une rue qui porte son nom à Val-d’Oise, au nord de la France, pas loin de Paris.
La ville de Gonesse, dans le Val-d’Oise a dévoilé la plaque d’une allée au nom de l’avocat nationaliste Ali Boumendjel. Dirigée par le socialiste Jean-Pierre Blazy, la ville du 95 a décidé de rendre hommage au martyr algérien, un an après la reconnaissance de son assassinat par l’armée coloniale française.
La « famille » Boumendjel présente à l’événement
L’inauguration de la rue du martyr algérien s’est déroulée hier après-midi en présence du maire de la ville, Jean-Pierre Blazy, mais aussi de quelques membres de la famille d’Ali Boumendjel.
« C’est un événement qui s’inscrit dans la démarche de la conciliation des mémoires entre les deux pays, dans le respect de chaque récit, l’année des 60 ans de la fin de la guerre d’Algérie et de l’histoire d’un quartier symbolique », a lancé le maire de Gonesse dans une déclaration à la presse.
De son côté, l’historien et spécialiste de la guerre d’Algérie, Benjamin Stora, a estimé que cet événement est une importance symbolique. « C’est la première fois à ma connaissance en France », a-t-il souligné dans une lettre adréssée à l’agence France Presse.
« La bataille continue pour le respect des droits de l’homme, une société plus juste et égalitaire, et qui doit affronter avec lucidité les passés douloureux », a ajouté l’historien français Benjamin Stora.
Quand Macron reconnaissait la torture d’Ali Boumendjel
Il convient de rappeler qu’en mars 2021, le président français Emmanuel Macron a reçu les 4 petits enfants d’Ali Boumendjel au palais de l’Elysée, à Paris.
Lors de sa rencontre avec la famille d’Ali Boumendjel, Macron a reconnu, au nom de la France, que le martyr algérien avait été « torturé puis assassiné par l’armée française ».
« Au cœur de la Bataille d’Alger, il fut arrêté par l’armée française, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957. Paul Aussaresses avoua lui-même avoir ordonné à l’un de ses subordonnés de le tuer et de maquiller le crime en suicide », avait-il dit à la famille Boumendjel. Une reconnaissance qui intervenait seulement six semaines après la remise du rapport de Benjamin Stora sur la mémoire Algérie-France.
Après cette reconnaissance, les relations entre Alger et Paris ont connu des hauts et bas jusqu’à la dernière visite d’Emmanuel Macron qui a donné un coup de boost aux relations entre les deux pays sur le dossier de la mémoire.
D’ailleurs, Emmanuel Macron avait annoncé, lors de sa dernière visite à Alger, la création d’une commission mixte d’historiens algériens et français. Cette dernière vise étudier les archives de la guerre d’Algérie, mais également pour dépasser le passé douloureux des deux pays.