À un an de la présidentielle, la stratégie trop à droite de l’ancien président Nicolas Sarkozy est contestée au sein du parti Les Républicains qu’il dirige.
Le numéro deux du mouvement français de droite “Les Républicains”, Nathalie Kosciusko-Morizet, ne fera plus partie du bureau politique présidé par l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy, en guerre ouverte contre celles et ceux qui contestent sa ligne politique plus proche de l’extrême droite que de la droite traditionnelle. Sa déclaration dimanche soir, après l’annonce des premiers résultats des Régionales en France, n’a pas été du goût de Nicolas Sarkozy qui refuse toute remise en cause de sa politique face à l’inexorable montée du Front national de Marine Le Pen.
Le parti “Les Républicains” va donc se doter d’un nouveau bureau politique dès janvier, a annoncé, hier après-midi, Nicolas Sarkozy, à l’issue d’une réunion “houleuse”, durant laquelle il a été également décidé que les 13 et 14 février, le parti réunira son conseil national pour fixer les nouvelles lignes idéologiques de sa formation.
Pour M. Sarkozy, après ces Régionales qui condamnent autant Les Républicains que le Parti socialiste à une profonde remise en question, il faut “une nouvelle équipe” à la tête de son parti. Il y a, selon lui, “un souci de fond et de cohérence” dans les idées et la ligne de l’ancienne “Union pour le mouvement populaire”, devenue Les Républicains. “On préfère que les responsables du mouvement expliquent les positions du mouvement et pas autre chose”, a-t-il ajouté, en référence aux déclarations de sa vice-présidente sur le plateau de la télévision privée TF1.
Tout comme un des ténors du parti, en l’occurrence Jean-Pierre Raffarin, Nathalie Kosciusko-Morizet s’est opposée au “ni retrait ni fusion” de Nicolas Sarkozy. Elle avait, pour rappel, déclaré que “si les électeurs avaient appliqué le ni-ni, nos candidats auraient perdu le Nord et Paca” où s’étaient présentés respectivement, en tête du FN, Marine Le Pen et sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. “C’est surtout la victoire du rassemblement républicain”, a-t-elle lancé en direction de Nicolas Sarkozy, lors de la réunion du bureau du parti qui s’est tenue parallèlement à l’annonce des premiers résultats du deuxième tour des Régionales, à l’issue desquelles, le FN n’a gagné la présidence d’aucune région sur les 13 en jeu. Une ligne qui flirte davantage avec les idées d’extrême droite qu’avec cette droite républicaine gaulliste et chiraquienne. Hier, sur les ondes de radio RTL, elle a déclaré à propos de son évidente exclusion du bureau politique : “Je trouve curieux, au moment où on lance un débat sur la ligne, d’évincer ceux qui ne sont pas d’accord. (…) Penser que le parti se renforce en s’épurant, c’est une vieille idée stalinienne. Moi, je crois au contraire que le parti se réforme en débattant. Hier, le FN a fait son plus haut score, ça mérite un débat. Moi, je n’échange pas mes convictions contre une place.” En évinçant Nathalie Kosciusko-Morizet, l’ancien locataire de l’Élysée fait preuve d’un terrible aveuglement à prendre sa revanche en 2017, lors de la prochaine présidentielle. Mais avant, il veut s’adonner au grand ménage en se débarrassant de tous ceux ou celles qui se mettent en travers de son chemin. Face à la montée plus qu’inquiétante du Front national, sa stratégie politique a déjà provoqué une ligne de fracture au sein de son parti, alors qu’il lui reste encore le test des primaires qui détermineront s’il sera le futur candidat de la droite et des “Républicains”.
Nicolas Sarkozy aura comme sérieux rival Alain Juppé, le maire de Bordeaux et ancien ministre des Affaires étrangères, sous Jacques Chirac à ces primaires, avant lesquelles, deux tendances se sont déjà dessinées : la droite dure au service du CAC 40 et la droite gaulliste qui veut restaurer ce qu’ils appellent les valeurs de la République.
Dimanche soir, les déclarations, à chaud, de Xavier Bertrand et de Christian Estrosi, les deux candidats victorieux de la droite dans le Nord et en région Paca, n’ont pas épargné de leurs critiques les dirigeants nationaux de leur mouvement, signe qu’une crise interne se pointe à l’horizon chez Les Républicains. Et Nicolas Sarkozy risque d’en faire les frais.
L.M