GunTV, une nouvelle chaîne américaine de téléachat consacrée aux armes

GunTV, une nouvelle chaîne américaine de téléachat consacrée aux armes

Munitions, fusils, revolvers… une chaîne de télévision exclusivement réservée à la vente d’armes devrait être prochainement lancée aux États-Unis. Une annonce faite alors que les fusillades se multiplient sur le sol américain.

Les Américains découvriront bientôt une nouvelle chaîne de télévision exclusivement consacrée au téléachat … d’armes. La future chaîne, baptisée « GunTV », verra le jour au mois de janvier, selon ses responsables interviewés jeudi 3 novembre dans le journal britannique « The Guardian ». Une annonce qui intervient au lendemain d’une nouvelle fusillade aux États-Unis, à San Bernardino, en Californie, qui a fait 14 morts.

La chaîne, diffusée sur le satellite et le câble, ne transmettra dans un premier temps ses programmes que la nuit entre 1h00 et 6h00, sept jours par semaine. Mais les responsables ne cachent pas leur ambition d’assurer, à plus long terme, une programmation continue, 24 heures sur 24.

« La dernière chose dont nous ayons besoin »

Les dirigeants de la nouvelle chaîne avancent en outre que les armes et produits associés – dont certains articles de chasse – seront présentés « de manière responsable ». Seule différence avec les chaînes de téléachat classique, les produits ne seront pas livrés chez le client mais à l’adresse du détaillant agréé le plus proche. L’acquéreur pourra dès lors y récupérer ses emplettes après avoir rempli un formulaire et s’être soumis aux vérifications sur ses antécédents judiciaires. Une procédure d’usage identique à celle imposée aux particuliers qui achètent en magasin. La chaîne a, par ailleurs, déjà su convaincre un distributeur. Ses dirigeants ont en effet conclu un partenariat avec Sports South, l’un des plus importants distributeurs d’armes des États-Unis.

Les responsables de la chaîne, dont le siège se trouve en Californie, se défendent de faire l’apologie des armes à feu et de la violence. « Nous avons vu une opportunité de répondre à un besoin, pas d’en créer un », a fait valoir Valerie Castle, co-fondatrice de la chaîne, dans les colonnes du quotidien britannique. « Je ne crois pas que cela va mettre plus d’armes dans les rues ».

Pour Laura Cutilletta au contraire, avocate au Centre de prévention des violences par les armes, un think tank basé à San Francisco, GunTV banalise l’acte d’achat des armes. « Le problème avec ce projet, c’est que c’est une décision très sérieuse que de rapporter une arme dans son foyer », explique-telle dans l’article du Guardian. […] Ma première réaction est de penser que cette chaîne de télévision est la dernière chose dont nous ayons besoin. C’est un sujet sur lequel nous devons vraiment nous interroger ».

Les recherches sur les violences par armes à feu prohibées

Mais les Américains qui, comme cette avocate, tentent de se pencher sur les causes des fusillades à répétition sont bien en peine de le faire. Depuis 1996, l’amendement Dickey interdit en effet aux instituts publics, comme  le Center for Disease Control (CDC) ou le National Institutes of Health, les deux institutions de référence en matière de santé publique, de faire des recherches sur la violence par arme à feu et ses conséquences pour la société américaine.

L’auteur de cette loi, Jay Dickey, qui était le représentant républicain de l’Arkansas, au moment du vote a d’ailleurs  avoué depuis qu’il avait subi les pressions de la National Rifle Association (NRA), le lobby des armes à feu, pour faire adopter cette mesure.

De telles recherches devraient pourtant intéresser le grand public. D’après un sondage réalisé le mois dernier pour le Washington Post et ABC News, 82 % des Américains interrogés considèrent que la violence liée aux armes à feu est un problème très sérieux ou assez sérieux. En revanche, il y a autant de personnes interrogées qui pensent qu’il faut changer la législation pour réduire les violences par armes que de personnes convaincues qu’il faut renforcer la protection du droit à en posséder une.

Avec AFP