Il y a 11 ans, la maladie emportait Hachemi Chérif. Il avait survécu aux épreuves de la guerre de libération, l’intervention d’Ali Zamoum lui avait sauvé la vie lors d’un attentat quelque temps après l’indépendance et il avait échappé miraculeusement à une tentative d’assassinat perpétrée par l’islamisme terroriste.
Chaque épreuve l’aura renforcé dans sa détermination. C’est ainsi qu’il a, ensuite, défendu l’ANP et les services de sécurité contre les odieuses insinuations du qui-tue-qui. Il a été aux côtés des patriotes en armes, des gardes communaux et des familles des victimes de la barbarie intégriste et dénoncé tout compromis avec le parti des assassins. Il aura participé à la libération du pays et pesé de tout son poids d’intellectuel et d’homme politique pour éviter l’effondrement de l’Algérie sous les coups des partisans de l’Etat théocratique. Deux basculements d’époques.
Aujourd’hui l’islamisme recule sur tous les fronts. Hachemi Chérif en avait annoncé la fin dans sa lettre testament aux militant(e)s du MDS. Les attentats de Baghdad, Ankara, Orlando, Nice ou encore l’odieux crime commis contre un prêtre en France ne peuvent plus cacher la déroute de tous les segments de l’islamisme, y compris modéré. Et même Erdogan doit procéder à des révisions déchirantes dans ses rapports avec ses partisans et alliés intégristes les plus menaçants pour l’Etat turc. L’islamisme a de moins en moins le choix. Il devra renoncer à l’Etat islamique et à cautionner les crimes de ses partisans ou disparaître. L’actualité remet ainsi à l’ordre du jour le projet formulé par Hachemi Chérif qui voulait faire condamner l’islamisme terroriste devant un tribunal international sur le modèle du procès de Nuremberg.
Concepteur de la notion de double rupture avec l’islamisme et le système rentier, Hachemi Chérif n’aura pas épargné au pouvoir la critique la plus conséquente, défendant des principes, souvent dans l’isolement. Il se sera élevé avec force contre la hogra et pour la défense des libertés, en particulier à l’occasion du Printemps noir. Mais aussi en soutenant la presse indépendante, dont Mohamed Benchicou incarcéré injustement, ou en prenant fait et cause pour les cadres emprisonnés dans l’affaire Sider. Il a été aux premiers rangs de tous les combats contre l’arbitraire, se consumant, telle une bougie, pour éclairer les luttes citoyennes. Celles que poursuivent aujourd’hui les défenseurs des droits de l’homme, les cyberactivistes, le mouvement féministe ou les chômeurs.
Au moment où le pouvoir envisage un nouveau modèle économique, en prétendant dépasser les limites d’un néolibéralisme adossé à la rente, il est un devoir de rappeler que Hachemi Chérif alertait sur le lancinant pouvoir de destruction économique des privilèges, de la corruption et de la rente. L’Algérie est plus que jamais agitée par les turbulences créées par la chute des cours du baril de pétrole et par la prédation à laquelle se livrent les forces de l’argent sale. Les scandales financiers se multiplient comme en prolongement de l’échec de l’amnistie fiscale. Ils soulignent l’exigence d’un changement radical en faveur des forces de la production et du développement durable. C’était le vœu de Hachemi Chérif qui voyait dans la transformation du socle socio-économique de l’Algérie, le moyen d’édifier la base matérielle pour un changement démocratique irréversible.
C’est à la mémoire de cet homme, coordinateur du PAGS, fondateur d’Ettahadi et du MDS, qui a lutté pour une refondation totale d’une classe politique obsolète, qui allait à la rencontre des humbles et des laissés pour compte que nous nous recueillerons le mardi 2 août, à 10h, au cimetière de Miramar à Raïs Hamidou. Au moment où le pouvoir redouble de férocité dans la répression des aspirations au changement radical, le MDS appelle les patriotes et les démocrates à venir nombreuses et nombreux pour rendre hommage à son courage et à sa lucidité et réaffirmer avec force ses idéaux de justice et de liberté, de citoyenneté et de démocratie.