L’augmentation rapide du nombre de cas de grippe A(H1N1) dans le monde et particulièrement en Arabie Saoudite, qui compte à ce jour 9000 cas dont 35 morts, commence à inquiéter les pays arabes.
Un rassemblement de plus de deux millions de personnes en provenance de plusieurs pays du monde, pendant deux semaines, a de quoi alarmer et faire craindre une progression fulgurante de cette grippe, notamment au retour. Si certains pays arabes et musulmans ont décidé carrément d’interdire ce déplacement de centaines de personnes, d’autres ont joué la carte de la prévention en défiant la menace de l’épidémie. Les ministres arabes de la Santé, rappelons-le, se sont réunis en juillet au Caire et avaient recommandé d’interdire aux fidèles de plus de 65 ans et de moins de 12 ans, aux femmes enceintes et aux personnes atteintes de maladies chroniques d’effectuer le pèlerinage, un avis suivi par la majorité des pays concernés, dont l’Algérie.
Le nombre de hadjis, estimé à 37 000, ne sera pas réduit cette année. La seule condition imposée pour bénéficier du visa est que le candidat au hadj présente un certificat médical attestant sa capacité à accomplir les rites du pèlerinage. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière dit avoir pris toutes les dispositions nécessaires pour éviter les risques de contamination par le virus. Ils affirment que des équipes médicales formées dans ce domaine accompagneront les pèlerins pour les prendre en charge et les orienter pour se prémunir de cette grippe. La vaccination obligatoire contre la grippe saisonnière a été une condition sine qua non pour renforcer le système immunitaire des hadjis. Des masques et des antiviraux, dont le Tamiflu, sont également prévus pour ces pèlerins afin de réduire au maximum le risque de contamination et de propagation. Est-ce que toutes ces mesures sont suffisantes pour faire réellement barrage à un virus dont la circulation est impossible à prévoir ? Pour le Pr Mesbah, spécialiste en maladies infectieuses à l’hôpital El Kettar, le risque zéro n’existe pas.
Les pouvoirs publics doivent renforcer sérieusement les mesures de prévention et mener une véritable campagne de sensibilisation avant le départ, pendant le séjour et au retour. Pour le Pr Mesbah, il est clair que les grands rassemblements peuvent être un facteur de propagation ; cela dépend aussi de la vitesse de circulation du virus. Pour lui, les mesures de prévention ont une certaine efficacité – le lavage des mains, se moucher avec des mouchoirs en papier, ne pas tousser dans le creux de la main, etc. « Il faut que ces mesures soient respectées vigoureusement d’autant que les hadjis n’ont pas été vaccinés contre la grippe A(H1N1). Ces mesures doivent être observées résolument durant le séjour, notamment le port de masque. Les hadjis doivent être informés et sensibilisés avant leur départ et sur place. Ils doivent comprendre que la protection contre cette grippe n’est pas totale. » a-t-il expliqué. Des campagnes de sensibilisation et d’information s’imposent, d’autant que certains cas de grippe A(H1N1) confirmés en Algérie sont des personnes revenant de la omra. Le risque de voir les cas se multiplier au retour des hadjis est à craindre.
Par Djamila Kourta