Macir Vie mise son développement sur le digital. Vous avez l’objectif de devenir la première Insurtech en Algérie. Le développement des Insurtech dépasse le simple accès aux produits d’assurance grâce aux moyens d’e-paiement. Qu’est ce que cela peut induire en matière d’organisation et d’offre de produits de la compagnie ?
Effectivement, l’objectif est clair et le cap est donné pour les 05 prochaines années, nous souhaitons devenir la première InsurTech Algérienne, cela signifie que tous nos produits devront être disponibles sur notre site web et permettront aux clients de vivre une expérience utilisateur optimale.
En matière d’organisation cela induit une disruption totale de la gestion d’une compagnie d’assurance (vie et/ou dommages) tant sur le volet Souscriptions que sur le volet Gestion des Sinistres. En effet, la réflexion n’est plus du tout focalisée sur la volumétrie des charges d’exploitation, ni d’ailleurs sur la dimension du réseau d’agences sur tout le territoire national, ni même sur la structure administrative de la société. Non, l’organisation est beaucoup plus souple, modulable, plus orientée open innovation, numérisation, digitalisation avec un énorme focus UX (User Experience) mobile et web avec un important effort marketing digital et en termes d’InBound Marketing.
Par ailleurs, la compagnie sera plus en back office avec les clients corporate et plus en connexion avec le client particulier lui évitant ainsi des allers-retours intempestifs. En effet, tout étant digitalisé, cela permet une plus grande fluidité dans les transferts d’informations entre la compagnie d’assurance et le client. Enfin, en matière d’offres de produits cela induit d’abord la mise à disposition des garanties classiques que les compagnies ont le droit de commercialiser et bien évidemment des innovations sur des « micro produits ». Ces derniers sont des garanties à très faible coûts, mensualisés et qui permettent de couvrir les clients avec une assistance incluse.
En conclusion, le client veut plus qu’un service, par nature immatériel, et il ne souhaite plus autant avoir à gérer les remboursements et autres flux. Il veut un service complet qu’il aura payé une seule fois et qui lui apportera tous les services additionnels nécessaires à son bien-être et à la remise en état des biens qu’il aura couvert.
Comptez-vous développer un système d’information susceptible de permettre d’offrir des produits sur mesure pour les assurés ?
Nous avons, depuis plusieurs années, mis en place une société d’engineering informatique dénommée « The Bridge » qui est l’une des rares sociétés en Algérie aujourd’hui spécialisée dans le développement des logiciels de gestion destinés aux compagnies d’assurance vie et non vie.
Cette société est composé d’ingénieurs algériens qui développent pour le compte de plusieurs compagnies privées leur logiciel d’exploitation payable en dinars et dont les coûts sont autrement plus concurrentiels que ceux qui sont donnés par des sociétés étrangères activant depuis de nombreuses années en Algérie, souvent de l’étranger et pas installés dans notre pays.
En fait, nous répondons, à travers cette société aux directives de notre gouvernement de faire appel, notamment dans le cadre de la commande publique, à des compétences algériennes en Algérie et qui par nature n’ont pas besoin de transférer de dividendes. En effet, nous réinvestissons tout ce que nous gagnons dans notre pays, ce qui permet de ne pas engager des frais en monnaies étrangères. Nous voulons montrer, par là même, que nous pouvons être une solution performante et économique pour les compagnies d’assurance en Algérie, d’une part, et que nous pouvons aussi développer des solutions pour des sociétés maghrébines, africaines et pourquoi pas européennes ainsi que mondiales, ce qui nous permettra d’exporter nos services et être ainsi des opérateurs économiques qui captent de la devise pour le compte de notre pays. Ainsi, pour répondre à votre question, nous avons d’ores et déjà développé un système d’information performant qui relie toutes nos opérations de la souscription à la gestion des dossiers sinistres en passant par l’enregistrement et le traitement automatique de toutes les opérations comptables. L’exemple de MacirVie est édifiant à plus d’un titre car nous avons par exemple digitalisé tout le processus de :
- gestion des sinistres,
- des opérations comptables
- de la souscription,
- nous avons lancé le paiement électronique
- et toute la partie administrative et règlement de la paie de toute la compagnie est désormais chose acquise,
- nous payons une grande partie de nos clients par virement automatisé
- et nous avons des remontées d’informations de tout notre réseau en temps réel avec des KPI vérifiés le tout en mode centralisé,
- enfin, nous avons par exemple clôturé notre bilan technique depuis le 15 janvier, nous sommes vraiment performants grâce à Dieu sur l’ensemble de ces volets,
Enfin, il serait présomptueux de ma part de vous certifier que nous pourrions offrir des produits sur mesure aux assurés car il y’a des garanties dites « fixes » et d’autres qui peuvent s’adapter aux besoins des clients, sauf que la vraie révolution sera la manière dont le dossier sinistre sera géré et surtout l’impact financier important dont bénéficieront les clients du fait des diminutions importantes des coûts de gestion.
Croyez-vous que la réglementation est aujourd’hui adaptée au développement des Insurtech?
Quand je vois comment notre gouvernement traite la question de l’informatisation des process et la digitalisation de services administratifs comme sur le site du ministère de la Justice pour les certificats de nationalité et de casier judiciaire en ligne ou aussi ce qui se fait par le ministère de l’Intérieur via l’application Idjraati qui vous permets d’accéder à toutes les informations concernant n’importe quelle démarche administrative auprès des services du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales, et enfin tout les efforts déployés par le GIE MONETIQUE et la SATIM pour lancer le E-Payment avec leurs dernières décisions qui permettent désormais non plus qu’aux grands facturiers d’avoir la possibilité d’ouvrir leur site web marchands mais à toutes les startups algériennes de le faire. Toutes ces procédures, pour moi personnellement, me poussent à l’optimisme quand à une réglementation plus motivante. Maintenant, certaines décisions ne sont pas de nature à favoriser l’émergence d’un écosystème numérique. En effet, quand il est décidé de taxer les opérations de commerce électronique ce n’est pas encourageant car nous sommes tous encore « embryonnaires ». Autrement dit, vous étouffez dans l’œuf quelque chose qui peut être un facteur remarquable de croissance économique. Au contraire il aurait fallu défiscaliser ces opérations pour les promouvoir et pousser les jeunes à entreprendre. Cela sans compter que plus vous aurez des startups et du commerce électronique plus vous aurez dématérialisé la monnaie et surtout, vous aurez plus de la traçabilité et une plus grande bancarisation des opérations financières. Mais, ce sont là des sujets qui vont indubitablement revenir vers le législateur qui, je suis intimement convaincu, va appréhender toutes ces problématiques et va les solutionner. Pour cela, il faut juste beaucoup plus de communication et aussi plus d’acteurs dans ce domaine. Donc non, aujourd’hui, la réglementation est en décalage vis à vis des défis que le gouvernement se fixe pour l’entreprise algérienne, mais les initiatives de notre gouvernement, elles, le sont. A un moment ou un autre, ça va et ça doit s’homogénéiser incha’ALLAH. J’ai une entière confiance dans les différents acteurs au niveau du gouvernement
Macir Vie s’est pleinement engagée aux côtés de startups innovantes, notamment en matière d’assistance. Qu’est ce que cela apporte à la compagnie ?
Permettez moi de rectifier, nous nous sommes engagés dans un processus d’entrée en capital sur 04 startups et nous n’avons pas fini le processus de valorisation de ces dernières et nous ne sommes pas donc entrés dans leur capital de manière factuelle, ce sont des opérations qui prennent du temps mais cela ne saurait tarder car au bout d’une année il m’apparait évident de clore ce volet là des négociations et cela se fera d’ici quelque mois Incha’ALLAH.
Vous venez justement de lancer un nouveau produit de soins à domicile « Tabibou Home » en partenariat avec la Startup « Santé Dom ». Pourquoi investir aujourd’hui dans les soins à domicile ?
Santé Dom n’est pas une startup, mais une entreprise qui fournit des soins de santé à domicile qui a une très bonne réputation, composée de professionnels de la santé et un personnel de très haute facture et qui, en plus, connaît aujourd’hui des taux de croissance à deux voire trois chiffres. Nous nous sommes associés pour répondre aux besoins de notre clientèle qui souhaite avoir des médecins qui pourraient se déplacer à domicile ou qui pourraient éventuellement procéder à des opérations d’hospitalisation à domicile.
Il est très important pour nous en tant que compagnie d’assurance vie d’innover sur le plan des services d’assistance et notamment à domicile pour donner plus d’aisance et faciliter la vie à nos clients et cette garantie justement apporte plus de souplesse à nos clients qui pourront désormais souscrire en agence sur 04 wilayas pour l’instant (Alger, Blida, Tipaza et Boumerdes) et sur notre site web (www.macirvie.com) à ce produit, qui permets donc sur simple appel téléphonique de demander le passage d’un médecin pour des pathologies qui ne nécessitent pas un déplacement en hôpital ou en clinique et qui permet aussi de fournir des soins infirmiers au besoin et/ou une hospitalisation à domicile et ce 7j/7 et 24H/24 pour 12.000,00 dinars par An soit l’équivalent de 1.000,00 dinars par mois.
C’est, de mon point de vue, une innovation remarquable dans le secteur de la santé et dans le domaine qui est le nôtre à savoir l’assurance dans sa partie assistance, et nous répondons à une problématique terrain que nous avons identifié auprès de nos clients via nos vecteurs d’écoute, c’est aussi une formidable initiative en direction de notre clientèle. Nous en sommes extrêmement fiers. Enfin, nous répondons aussi à l’exigence du ministère des Finances, Direction des assurances qui nous a été transmise le 07 novembre 2013 nous demandant de faire de telle sorte que « l’Assurance santé soit, ainsi, un instrument privilégié pour un développement des infrastructures de soins nationales ». Et bien, aujourd’hui c’est le cas et nous en sommes fiers et heureux de pouvoir y répondre favorablement.
Dans ce contexte, comptez-vous lancer à terme des produits de complémentaire santé englobant la couverture des soins et aides à domicile ?
Evidemment, c’est même une suite logique d’ores et déjà programmée pour les mois à venir B’rabi incha’ALLAH. Le client étant au cœur de nos préoccupations il va sans dire que nous n’auront de cesse d’innover et d’apporter de nouvelles offres sur le marché au profit exclusif de nos clients, cela est notre ADN.