Épatant avec l’AS Monaco (4 buts et 6 passes décisives), Islam Slimani a inscrit ce vendredi son trentième but en sélection algérienne face à la RD Congo (en 66 sélections). Il n’est plus qu’à six réalisations du record d’Abdelhafid Tasfaout. À l’origine de son arrivée chez les Fennecs en 2012, Vahid Halilhodzic, désormais sélectionneur du Maroc, se souvient bien de lui.
France Football : Vahid, vous souvenez-vous de la première fois que vous avez vu Islam Slimani ?
Vahid Halilhozic : C’est le président du CR Belouizdad qui m’a invité à un match de son club. Il m’avait
dit : «Tu ne viens jamais chez nous.» Là, je vais voir le CRB contre une autre équipe dont je ne me souviens plus. À ce moment-là, je cherchais un profil capable de prendre la profondeur. Je regarde le match, et puis je vois un grand attaquant du côté du CRB. Il bougeait et proposait beaucoup, il se battait énormément. J’ai remarqué aussi son jeu de tête qui était une de ses qualités principales. Ce joueur, c’était Slimani. Je me suis renseigné. Il n’était pas vraiment considéré, il n’avait jamais été appelé dans aucune sélection. J’ai décidé de le convoquer juste sur ce match.
Comment avait été accueilli son arrivée avec la sélection algérienne ?
Quand je l’ai convoqué pour la première fois, je me souviens que tout le monde m’a critiqué. Le président de la fédération, Mohamed Raouraoua, m’avait demandé : «Qui est ce joueur ?». Moi, j’avais tout de suite vu qu’il avait quelque chose. Il était intelligent dans ses déplacements et très bon dans la profondeur. J’ai insisté avec Slimani
Qu’est-ce qu’il vous a apporté ?
Slimani a un gros volume de jeu. Il nous a apporté des solutions dans le jeu avec la prise de la profondeur ainsi que son jeu de remise, souvent en une touche.
Il s’est installé, il a marqué et a pris de la confiance. On s’est organisé au fur et à mesure pour qu’on le trouve le plus vite possible. On jouait avec un bloc bas ou médian.
On cherchait rapidement les ailes avec Soudani et Feghouli qui ensuite profitaient des espaces que pouvait libérer Slimani. Ou alors ils le cherchaient dans la surface. En Afrique, il faut souvent jouer direct pour différentes raisons. Avoir Slimani, c’est parfait. Il remise et il prend la profondeur…
Avez-vous un rapport particulier avec lui ?
Par mon passé, je sais évidemment comment fonctionne un attaquant. C’est un poste très spécifique dans le football.
J’ai noué une relation un peu spéciale avec lui. Il a trouvé sa plénitude lors du Mondial 2014 au Brésil (deux buts et une passe décisive). Malheureusement, son but en 8es de finale face à l’Allemagne a été refusé pour un hors jeu très léger. Ça aurait certainement changé beaucoup de choses…
Comment définiriez-vous sa personnalité ?
Il a un gros mental. C’est un garçon exemplaire qui est un vrai bonheur pour chaque entraîneur. Il est irréprochable au niveau de l’état d’esprit. Il est sur le terrain comme dans la vie. Une grande générosité.
On le connaissait comme buteur, il démontre avec l’AS Monaco une palette encore plus large. Slimani est actuellement le meilleur passeur de L1. Êtes-vous surpris ?
Il a beaucoup progressé parce qu’il a saisi sa chance grâce au travail. Je me souviens qu’on avait beaucoup bossé ses remises de la tête. On sent un joueur à maturité. Je l’ai beaucoup fait travailler sur ses points faibles comme son pied gauche. Avant, il s’en servait juste pour marcher jusqu’au bus (Rire).
Comprenez-vous qu’il soit toujours aussi clivant en Algérie ?
C’est la mode du monde d’aujourd’hui. Quand j’ai fait venir Riyad Mahrez en sélection, ce n’était plus des critiques, mais parfois des insultes. Il est très efficace, je trouve incroyable que Slimani soit autant discuté. Il a une mentalité phénoménale, il n’y aucun problème avec lui.
Pour terminer, comment avez-vous vécu le sacre de l’Algérie à la dernière CAN ?
J’étais évidemment très heureux. C’est un pays où j’ai vécu des choses très fortes. Le sélectionneur Djamel Belmadi a réalisé un travail remarquable. Ils ont beaucoup de qualités, ils peuvent encore progresser. Je l’ai déjà dit, mais je pense qu’en 2014, on avait une équipe pour aller plus loin lors du Mondial. On aurait peut-être pu atteindre la finale parce qu’on progressait de match en match.