Enfin ! Le tant attendu film de Moussa Haddad, « Harraga Blues » est sur les écrans. Jusqu’au 29 du mois en cours, vous pouvez le voir à la salle El Mougar, à Alger, à raison de 4 séances/jour.
Projeté en avant-première nationale le vendredi 14 juin 2013 en grande pompe (poster grandeur nature du réalisateur, une collation à chatouiller les papilles…), le film n’a pas obtenu les faveurs des présents, ou du moins de nombre d’entre eux.
« Harraga Blues », un long métrage qui a pour toile de fond le quotidien de deux jeunes algérois. Deux jeunes qui aspirent à une vie meilleure que la leur. Deux jeunes ont des rêves, des ambitions. Deux jeunes qui ont compris – plutôt croient comprendre – que pour vivre, il faut aller sous d’autres cieux, outre-Méditerranée. Ne pouvant obtenir un visa de circulation en Europe, ils se rabattent sur l’ultime solution : la « harrga ». Toutefois, un obstacle, et non des moindres, freine leur projet : le manque d’argent. Zine (Karim Hamzaoui) arrive à « se débrouiller », et se rendra en Espagne chez son frère (Réda Laghouati). Il abandonne une « fiancée » (Mouni Boualem), sa famille et son ami Rayan (Zakaria Ramdane). Ce dernier lui promet de le rejoindre dès que la somme nécessaire pour payer son « passe mer ».
Tout cela est compris dès le début du film. Le reste du long métrage (1h50) revient sur le parcours de Zine. Du jour de son « embarquement » jusqu’à son arrivée en « terre promise ». Une fois en Espagne, c’est la désillusion. Un autre combat l’attend : régularisation de la situation, trouver du travail… Ce n’est pas de tout repos. Pizzaiolo à Alger, il se retrouve à pratiquer de « petits métiers ». Il doit survivre, alors que chez lui, il avait sa famille, ses amis, sa dulcinée… En un mot, il avait une vie.
Après moult péripéties, il retourne en Algérie pour dissuader son ami Rayan d’émigrer. Un discours moralisateur…
A la fin du film, on reste sur notre faim. Un sentiment que tout n’a pas été dit ou abordé. On est également dérangé (pour ne pas dire déçu). Les deux personnages principaux, censés représenter une certaine frange de la société algérienne (populaire, modeste, voire dans le besoin), montraient des signe d’aisance : une belle voiture, de belles fringues, de beaux appartements… Des éléments qui constituaient un décalage avec ce que voulait montrer le réalisateur. Par ailleurs, le physique des deux personnages ne correspond pas à celui que l’on se fait du « harrag »…
Dans sa note d’intention, Moussa Haddad écrit : « ‘Harraga blues’ se veut être un film d’aujourd’hui qui s’adresse aux jeunes et qui doit nécessairement faire vibrer à un cinéma sincère et respectueux de leurs attentes. C’est aussi un film qui aspire à séduire le public avec une histoire bien de chez nous, pour dire que l’Eldorado, pour qui sait bien le voir, n’est pas forcément de l’autre côté de la mer ! ».
Ces mots, à eux seuls, sont censés résumer l’histoire du film. Sauf que concrètement, nous n’avons pas (du moins pour votre serviteur), vu ou senti cela. L’histoire au-delà de son thème central, ne transporte pas. Il manquait une once de sincérité à tous les niveaux ou presque (jeu des comédiens, dialogue…). L’unique élément (à mes yeux) qui réunissait tous ces ingrédients c’est la BO. Une belle composition de Lotfi Attar.
La barque « Harraga blues » n’a pu tenir la route. Elle s’est noyée avant même d’atteindre le large.
Amine IDJER
« Harraga blues » un film de Moussa Haddad
Une coproduction Moussa Haddad Prod et l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel
Avec Karim Hamzaoui, Zakaria Ramdane, Mouni Bouallam, Ahmed Benaissa, Bahia Rachdi, Rania Serrouti, Hacene Benzirari
Scénario : Amina Bedjaoui Haddad / Moussa Haddad
Musique : Lotfi Attar