Hassi-Messaoud, ses puits de pétrole, ses milliards et ses chômeurs de longue durée

Hassi-Messaoud, ses puits de pétrole, ses milliards et ses chômeurs de longue durée

Hassi-Messaoud, ses puits de pétrole qui rapporte rapportent des milliards de dollars et ses chômeurs qui crèvent la dalle. Quarante six jeunes chômeurs originaires de Hassi-Messaoud, ville pétrolière située à plus de 800 km au sud-est d’Alger, observent depuis quatre jours une grève de la faim, entamée mardi 31mai. Campés devant le siège de la daïra (sous préfecture), ces jeunes chômeurs réclament du travail et dénoncent leur exclusion par les sociétés pétrolières.

Mercredi 01 juin, cinq grévistes ont été blessés après une tentative de la police des les déloger. Ils refusent des quitter les lieux. Avant d’entamer la grève de la faim, ils ont tenu un sit-in non stop devant le siège de la daïra pendant 16 jours.

Alors face au mutisme, doublé de l’indifférence des autorités locales, ces jeunes chômeurs ont déclenché cette grève, ultime recours pour faire valoir leur droit « constitutionnel » au travail.

« Avant de déclencher notre mouvement, nous avons saisi le chef de daïra. Celui-ci s’est dit incapable de régler notre problème. Il a nous a promis une audience avec le wali (préfet). Ce dernier a refusé catégoriquement de nous recevoir », raconte à DNA Walid, 21 ans, l’un des grévistes.

Sans nourriture depuis quatre jours, sous une température qui avoisine les 47° à l’ombre, l’état de santé des grévistes se détériore de jour en jour. « Nous sommes très faibles physiquement. Mais nous sommes décidés à aller jusqu’au bout. Nous demandons seulement des postes d’emplois décents », affirme ce jeune chômeur d’une voix éteinte.

Walid raconte encore : « Mercredi dernier, les forces de l’ordre nous ont violemment chargé pour faire évacuer les lieux. Cinq de nos camarades ont été blessés avant de perdre conscience. Une fois évacués vers l’hôpital de la ville, certains membres du personnel médical, sous la pression d’un nombre important d’éléments de sécurité, ont refusé de les prendre en charge. Certains d’entre nous ont courus se réfugier à l’intérieur du siège de la daïra, investi ensuite par les policiers. »

Alors, ils racontent le favoritisme, les passes-droits, la corruption, la hogra…

« Nous sommes exclus.Les sociétés de sous-traitance nous ont portés l’estocade. Les postes d’emploi se monnayent à coup de millions de centimes. De plus, les responsables exigent des universitaires de la région une expérience de plusieurs années », s’indigne Mahmoud, porte-parole du comité local des chômeurs de Hassi-Messaoud en dénonçant une « maffia » aux commandes de la politique de recrutement.

Classée commune la plus riche en Algérie, Hassi-Messaoud occupe la seconde place au niveau africain avec des recettes annuelles dépassant 1800 milliards de centimes ( 245 millions de dollars) correspondant à la collecte d’impôts et taxes prélevés sur plus de 149 entreprises pétrolières et de services.

« La daïra de Hassi-Messaoud offre annuellement 60 000 emplois dans tous les domaines. Les habitants de la région ne bénéficient presque de rien. Par contre, des étrangers viennent de partout, y compris d’Inde pour travailler avec de faux visas. Même les Indiens trouvent du travail, nous on nous exclut », accuse-t-il.

Pas de quoi décourager ces jeunes déterminés à aller jusqu’au bout de leurs revendications, l’obtention d’un poste d’emploi et la fin de cette politique de ségrégation. « Nous continuerons notre grève. Hier jeudi, nous avons dressé une tente devant le siège de daïra », affirme Mahmoud.